Décisions sécuritaires mises en question

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Les décisions sécuritaires expéditives se sont multipliées depuis le 13 Novembre : lors des élections régionales L. Wauquiez a fait campagne sur la sécurisation des lycées ; à Meylan les policiers sont désormais armés et la vidéo-surveillance déployée. Mais l’efficacité et le sérieux de ces mesures spectaculaires est aujourd’hui contesté.
En réalité, comme le montrent les réactions ci dessous, le caractère expéditif et parfois démagogique de ces mesures a suscité une révolte de proviseurs de lycées devant l’amateurisme des propositions du nouveau chef de l’executif de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il n’a pas permis non plus jusqu’ici de pallier l’inefficacité des propositions meylanaises : au lieu de baisser, les délits à Meylan ont augmenté.
Une politique de sécurité sérieuse doit être réfléchie et articuler les interventions des différents acteurs, sans négliger la prévention.

I. SECURITE DANS LES LYCÉES ? L. WAUQUIEZ DOIT RECULER ...
Communiqué transmis par Myriam Laïdouni-Denis, conseillère régionale Auvergne Rhône Alpes (et Iseroise) du rassemblement Citoyens, écologistes, solidaires

COMMUNIQUÉ

Laurent Wauquiez se prend le portique dans le nez

Lyon, le 17 février 2016
Ainsi, Laurent Wauquiez est obligé de faire marche arrière. Après avoir claironné pendant toute sa campagne qu’il installerait des portiques de sécurité devant chacun des 319 lycées d’Auvergne Rhône-Alpes, il vient d’y renoncer.
Ses déclarations martiales reprises début janvier ont rapidement provoqué l’ire de certains proviseurs.
De nombreux articles en ont prouvé l’absurdité, l’infaisabilité technique et le coût exorbitant alors que Laurent Wauquiez réclame dans les services de la Région des coupes claires dans les dépenses de l’ordre de 25% !
Une pétition a été lancée par un enseignant de l’Isère, et les élus du Rassemblement se sont mobilisés à la Région en activant les réseaux concernés, et en demandant à MM. Wauquiez et Meunier, Vice-président en charge de la sécurité, des précisions et le retrait du rapport, découvert début février.
Début février, oui. Vous avez bien lu, les annonces médiatiques du Président de Région en janvier ont été faites en dehors de tout cadre délibératif, la décision n’ayant pas été soumise au Conseil Régional !
Mais le très pressé Laurent Wauquiez a été un peu vite en besogne et s’est pris le portique dans le nez.
Le 1er février, le sort en a été scellé lors d’une réunion technique au Lycée Pierre Béghin à Moirans, choisi par Laurent Wauquiez en guise de symbole. Cette réunion regroupant les services de la Région, les représentants de l’établissement, de la mairie, les services de gendarmerie et l’équipe mobile de sécurité, a conclu à l’abandon des portiques de sécurité.
Au final cependant, il nous faudra rester vigilants : le rapport d’ 1,5M€ voté à la Région le 11 février, malgré notre ferme opposition, contient toujours l’option de tourniquets, de couloirs sécurisés et de vidéosurveillance à l’entrée des lycées. Ces dispositifs ne seront cependant déployés que sur sollicitation des lycées eux-mêmes, et placés sous l’autorité des proviseurs.
Une fois de plus hélas, un politicien surfe sur l’état d’urgence et s’adresse au cerveau reptilien de nos concitoyens, en oubliant que « ce dont nos lycées ont besoin, c’est de moyens humains : de davantage de surveillants, de davantage d’éducateurs. S’en remettre à la technique et à Big Brother pour protéger nos enfants, leur inculquer dès leur formation le dressage social que constituent ‘pointeuse’ et caméras, c’est renoncer à en faire des êtres libres. »
(Extrait de la pétition : https://www.change.org/p/laurent-wauquiez-b%C3%A9atrice-berthoux-pas-de-portique-wauquiez-devant-mon-lyc%C3%A9e?recruiter=171757259&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_for_starters_page&utm_term=des-lg-no_src-no_msg&fb_ref=Default)
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II. A MEYLAN, AGGLOMERATION DE GRENOBLE,
ce n’est pas le coût de l’armement de la police municipale qui pose problème - il est du reste aidé par F. Hollande- mais l’ inefficacité jusqu’ici et le coût de la video- surveillance, qui s’effectue au détriment de la prévention.
Le conseil de sécurité et de prévention de la délinquance ne se réunit plus à Meylan -seul existe le groupe de travail sécurité. A la suppression d’actions et de postes de prévention par la ville, s’ajoute celles décidées par département..Faire toujours plus avec moins, c’est le programme. Eduquer sans présence humaine, un programme d’avenir crédible ?

II.1. COMMUNIQUÉ DES ÉLUS AIMeylan - 1ER FEVRIER 2016 -
Groupe des élus de gauche, écologistes et centristes à Meylan

Contact : Marie Odile NOVELLI

INCENDIES DE BATIMENTS PUBLICS A MEYLAN

Nous dénonçons fermement les actes criminels d’incendies du 26 janvier sur le gymnase des Buclos et la bibliothèque Mi-plaine et soutenons les services de police et de gendarmerie dans leur action pour appréhender les coupables. Ce sont les missions de service public envers les scolaires et les usagers, et les employés et bénévoles associatifs qui sont pénalisés. Sans compter l’argent et l’énergie nécessaire pour remettre en état ces équipements, au détriment de l’amélioration des services aux meylanais.
Nous continuons de nous questionner sur l’efficacité des choix municipaux en matière de sécurité, pris sans concertation, qui néglige la prévention et la présence humaine ( police de proximité, éducateurs de prévention ) et investit financièrement prioritairement sur la vidéo - surveillance d’espaces commerciaux ou routiers. Nous demandons que la commune reprenne et intensifie son rôle de prévention et de médiation qui participe à la sécurité de tous, et remette en selle le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance qui n’ a pas été réuni depuis 2013 *.

Elu(e)s AIMeylan :
Aurélie Alfonsi / Christophe Batailh /Philippe Cardin / Mélina Hérenger / Antoine Jammes / Marie-Odile Novelli / Christel Refour


(*où il concluait sur des résultats positifs de diminution de la délinquance grâce aux actions de prévention tout en évoquant une situation fragile).


II.2. CONSEIL MUNICIPAL DU LUNDI 16 NOVEMBRE 2016 :

QUESTION posée Marie -Odile Novelli Conseillère municipale écologiste du groupe AIMeylan :

Monsieur le Maire,
Pourquoi négligez vous la Prévention dans votre politique de Sécurité ?

Malgré les annonces et déclarations sécuritaires des élus de Meylan (armement de la police municipale, installation de la vidéo surveillance), les délits d’incendies volontaires se multiplient à Meylan (abris-bus , containers à ordures, friche de la piscine des Ayguinards).
Preuve s’il en était besoin qu’une véritable politique de sécurité ne saurait exister sans le 2ème pilier que constitue la prévention de la délinquance. Comme d’ailleurs le préconise le rapport sur le sujet, présenté le 29 Sept.2015 à Boulogne Billancourt par le très libéral Guy Sorman, et qui met notamment l’accent sur la coordination et qualification des intervenants de toutes les institutions (prévention spécialisée du Conseil Départemental, éducateurs de la Commune et médiateurs de la maison de la justice et du droit, infirmière scolaire, police etc)...

Les rapports actuels existant sur la vidéo- surveillance montrent à la fois sa relative efficacité et ses limites.
- Efficacité relative dans les lieux clos (parking, écoles) : elle permet une identification a postériori -à hauteur de 14% environ- des auteurs de délits. C’est un outil de police judiciaire, mais installé et payé par la commune (est-ce son rôle ?) , qui peut être utile pour la gendarmerie.
- Limites : impact faible sur le sentiment d’insécurité (M. Gill et A. Spriggs), ainsi que sur le comportement des délinquants, et par ailleurs cet impact faible ne dure pas.
Il est à noter que l’effet de la video surveillance -qui est restreint-, se renforce lorsqu’elle est couplée avec des mesures de prévention de la délinquance : la video- surveillance permettant notamment la ré-appropriation par la population de lieux jugés jusque là dangereux. A condition que la prévention spécialisée, médiation sociale etc... existe.

Or, Mr le Maire, votre équipe semble s’être est appliquée à réduire voire à supprimer* toute prévention ( *prévention secondaire).

Je rappelle pour la clarté de mon explication que l’on distingue 3 type de prévention : la prévention primaire, la prévention secondaire, et la prévention tertiaire.

La prévention primaire relève des politiques publiques dites « de droit commun » en particulier dans le domaine éducatif et de la parentalité. Certaines sont menées sur la commune ; mais un certain nombre a été supprimé : les chantiers jeunes, l’espace Chantourne, le PIJ...
La prévention secondaire s’exerce en direction de publics ciblés, que l’on connait, que l’on a décelé, tandis-que la prévention tertiaire consiste à prévenir la récidive.

L’exécutif communal semble s’être appliquée à supprimer toute politique de prévention secondaire :
1). Le rapport des jeunes avec la police municipale pourra difficilement dans l’avenir être un rapport de proximité et de confiance : vous avez décidé l’armement de la police municipale, choisi de lui donner une image et un rôle répressif. Difficile de dialoguer avec des jeunes, armes à la ceinture ! Passe encore, si vous aviez des éducateurs de prévention, aptes à nouer des relations avec les jeunes, qui pourraient leur éviter de passer à l’acte comme en ce moment.
2.Mais votre équipe,vous même, avez supprimé la prévention spécialisée, et la convention avec l’ APASE. [(Cette convention que j’avais moi- même initiée à la fin des années 90 avec le Conseil général de l’époque, n’était pourtant qu’un début, il aurait fallu aller plus loin ).

D’où notre question :
Mr le Maire, pourquoi négligez vous la Prévention dans votre politique de Sécurité ? Comptez vous y remédier ?