Actualités socio-économico-environnementales de Juillet 2017

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

A. Les inégalités de revenus nuisent à la croissance (FMI) : la théorie "du ruissellement" qui a dominé 3 décennies durant a du plomb dans l’aile. (Publié Le 16.06.2015 à 20h44 Par Claire Guélaud )

B. Compte pénibilité,en arrière toute : « il ne s’agit plus de prévention mais uniquement de réparation" - S.Volkoff . En outre, le taux d’incapacité de 10 % "va représenter une condition difficile à atteindre, car, à partir de ce seuil, les assurés reconnus en maladie professionnelle perçoivent une rente à vie en compensation de leur préjudice. Les enjeux pour franchir ce seuil vont donc être considérables et la bagarre devant les tribunaux du contentieux de l’incapacité devrait être féroce". Une mesure ne va pas ds le sens du patronat : le financement sera celui de la branche accidents du travail-maladies professionnelles de la Sécurité sociale qui financera les droits des salariés pour l’ensemble des critères, et non des cotisations psecifiques
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http://www.sante-et-travail.fr/compte-penibilite---en-arriere-toute-_fr_art_641_79160.html

C. L’avertissement des scientifiques sur le climat : dans trois ans, il sera trop tard
7 juillet 2017 / Élisabeth Schneiter (Reporterre)
https://reporterre.net/L-avertissement-des-scientifiques-sur-le-climat-dans-trois-ans-il-sera-trop

D. HULOT, premiers compromis : la France s’incline et admet la Définition au rabais des perturbateurs endocriniens selon UE.//

E ) La diminution de la biodiversité : plus grave que ce que l’on pense (trop) souvent
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http://e-rse.net/effets-disparition-biodiversite-societe-ecologie-26174/#gs._VWddso


A. A. Les inégalités de revenus nuisent à la croissance (Publié Le 16.06.2015 à 20h44 Par Claire Guélaud )
Un document de travail du Fonds monétaire international (FMI) conteste la théorie libérale du « ruissellement », selon laquelle l’enrichissement des plus riches bénéficierait à la croissance.Les tenants de la théorie du « ruissellement » ou « trickle down », selon laquelle les revenus des plus riches contribueraient à la croissance, ont du souci à se faire : des économistes du Fonds monétaire international (FMI) contestent ouvertement cette approche. Dans une étude sur les causes et les conséquences des inégalités, présentée lundi 15 juin, ils établissent au contraire que, plus la fortune des riches s’accroît, moins forte est la croissance.

Lorsque la part de gâteau des 20 % les plus aisés augmente de 1 %, le produit intérieur brut (PIB) progresse moins (– 0,08 point) dans les cinq ans qui suivent. Autrement dit, les avantages des plus riches ne ruissellent pas vers le bas, contrairement aux convictions des économistes néolibéraux qui défendirent les politiques de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan et les baisses d’impôt pour les hauts et très hauts revenus.

En revanche, une augmentation de même importance (+ 1 %) de la part des revenus détenue par les 20 % les plus pauvres est associée à une croissance plus forte de 0,38 point.
Réduire les inégalités pour soutenir la croissance

Cette corrélation positive vaut aussi pour la classe moyenne. Probablement soucieux de ne pas être accusés d’angélisme, les auteurs de ce travail, qui lance le débat au FMI sans engager pour l’instant l’institution, prennent soin de faire remarquer qu’un « certain degré d’inégalité peut ne pas être un problème dans la mesure où cela incite les individus à exceller, à se battre, à épargner et à investir pour aller de l’avant ». Ils tirent, par ailleurs, de leurs travaux la conclusion générale que les dirigeants politiques doivent faire porter leurs efforts sur les plus pauvres et sur la classe moyenne pour réduire les inégalités et soutenir la croissance.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est parvenue à des conclusions similaires. Dans un travail de décembre 2014, repris en mai dans son troisième rapport sur les inégalités intitulé In It Together : Why Less Inequality Benefits All (« Tous concernés : pourquoi moins d’inégalité bénéficie à tous »), elle établit que l’augmentation des inégalités entre 1985 et 2005 a coûté en moyenne près de 4,7 points de croissance cumulée dans les pays avancés, moins du fait de l’envolée des revenus des plus riches que du sort réservé aux 40 % les plus défavorisés.

L’institution a revélé que la France, bien qu’en position moyenne, a été le troisième de ses 34 pays membres pour l’augmentation des inégalités entre 2007 et 2011. Autrement dit, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. L’Observatoire des inégalités a dressé un état des lieux dans son premier rapport sur les inégalités en France du 4 juin.
1 % de la population mondiale détient la moitié de la richesse

L’étude du FMI est plus large que celle de l’OCDE puisqu’elle porte sur un échantillon d’une centaine de pays : économies avancées, émergents et pays en développement. Elle permet donc de progresser dans la compréhension de la dynamique des inégalités et de ses moteurs. Ses auteurs font observer que globalisation financière et progrès technologiques sont associés, partout, à une augmentation de la part des revenus détenue par les 10 % les plus riches, désormais neuf fois plus importante que celle détenue par les 10 % les plus pauvres.

Dans les pays avancés, le fossé entre riches et pauvres s’est creusé comme jamais depuis plusieurs décennies. Dans les pays émergents et en développement, en revanche, l’augmentation des inégalités s’explique d’abord par le fait que les revenus des classes moyennes supérieures ont rejoint ceux des classes supérieures, comme en Chine et en Afrique du Sud.

La concentration de la richesse mondiale est spectaculaire. Près de la moitié de celle-ci, soit 110 000 milliards de dollars (97 441 milliards d’euros), est detenue par 1 % de la population. Dans une étude sur la richesse mondiale en 2015 rendue publique lundi, le Boston Consulting Group (BCG) révèle à ce propos que le nombre de millionnaires en dollars a crû de 16 % en un an et que l’Asie-Pacifique (hors Japon) devrait être la région comptant le plus de millionnaires en 2016, devant l’Amérique du Nord.
L’assouplissement du marché du travail favorise les inégalités

Les grands perdants de ces évolutions qui ont été amplifiées par la crise de 2007-2008 sont les classes moyennes, victimes de la polarisation des revenus du travail aux extrémités de l’échelle des revenus (les plus qualifiés et les peu ou pas qualifiés, généralement protégés dans les pays avancés par l’existence d’un salaire minimum.) Les économistes du FMI observent par ailleurs que l’assouplissement du marché du travail va de pair avec une inégalité croissante et l’enrichissement des 10 % les plus aisés. Ils en concluent que la flexibilité du marché du travail bénéficie aux plus riches et réduit le pouvoir de négociation des travailleurs pauvres. Les organisations syndicales ne disent pas autre chose…

Ces résultats sont cohérents avec une autre étude du Fonds, non encore publiée, selon laquelle, dans les économies avancées, le décrochage du salaire minimum par rapport au salaire médian va de pair avec une hausse des inégalités et la diminution du taux de syndicalisation est fortement corrélée à la hausse des revenus des 1 % plus riches.

Pour réduire les inégalités, les experts du FMI recommandent dans les pays émergents et en développement de donner aux plus pauvres accès aux services financiers. Dans les pays avancés, l’accent doit être mis sur le développement du capital humain et des compétences et sur une politique fiscale plus redistributive, par le biais des impôts sur la fortune et la propriété, ainsi que sur une fiscalité des revenus plus progressive.

Par Claire Guélaud
Publié Le 16.06.2015 à 20h44



http://www.sante-et-travail.fr/compte-penibilite---en-arriere-toute-_fr_art_641_79160.html

B.Le Premier ministre a annoncé une simplification du compte personnel de prévention de la pénibilité aux partenaires sociaux, le 8 juillet.
Quatre des dix critères sortent du dispositif existant et les cotisations spécifiques sont supprimées. De quoi réjouir le patronat.

Il est rebaptisé « compte professionnel de prévention ». Sauf que la logique de prévention, justement, qui a fait naître le compte personnel de prévention de la pénibilité en 2014 – souhaité notamment par la CFDT et entré en vigueur partiellement le 1er janvier 2015 – est largement amoindrie. Si, pour six des dix critères de pénibilité définis (activités en milieu hyperbare, travail de nuit, répétitif, en équipes successives alternantes, exposition au bruit, aux températures extrêmes), les plus facilement mesurables, rien ne change, en revanche, pour les quatre autres, c’est un retour en arrière conséquent. En effet, le Premier ministre a annoncé dans une lettre adressée aux partenaires sociaux le 8 juillet, dont Santé & Travail a obtenu la copie, que s’agissant du port de charges lourdes, des postures pénibles, des vibrations mécaniques et de l’exposition aux agents chimiques, il faudra désormais être atteint d’une maladie professionnelle reconnue pour pouvoir partir plus tôt en retraite. Et, condition supplémentaire, avoir pour celle-ci un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) supérieur à 10 %.

Changement de philosophie

Sans le dire, Edouard Philippe en revient aux critères « pénibilité » définis par François Fillon en 2010, quand celui-ci était ministre des Affaires sociales. C’est donc un changement complet de philosophie pour ces quatre facteurs de risque, puisque le nouveau dispositif ne repose plus sur l’exposition mais sur ses conséquences, à savoir la maladie et l’incapacité. Autre novation de taille, plus de système par points ouvrant droit au choix entre un départ anticipé, une formation pour se reconvertir ou un travail à temps partiel sur la fin de la carrière. Seule la retraite anticipée est maintenue.

Pour justifier cette ligne, le chef du gouvernement et sa ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ont repris à leur compte les critiques du patronat qualifiant le dispositif d’« usine à gaz », pour ces quatre critères. Le système proposé est certes plus simple, mais aussi beaucoup plus injuste, comme n’ont pas manqué de le remarquer de nombreux observateurs. Ainsi, pour la Fnath (Association des accidentés de la vie), « l’exposition à des produits chimiques peut entraîner une diminution de l’espérance de vie, sans pour autant entraîner la reconnaissance d’une maladie professionnelle avant l’âge de la retraite. En effet, le délai entre l’exposition à des produits chimiques et le déclenchement d’un cancer d’origine professionnelle peut s’étaler sur plusieurs décennies. Nombre de travailleurs continueront donc à mourir plus jeune en raison de leur travail, sans pour autant pouvoir partir plus tôt en retraite. Travailler plus pour mourir plus jeune ! » Dans ces conditions, il est certain que le nouveau dispositif devrait coûter moins cher aux entreprises, alors que plus d’un salarié sur dix est exposé à au moins une substance cancérogène sur son lieu de travail, selon l’étude parue le 13 juin dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France.

Confusion entre pénibilité et incapacité

Plus généralement, regrette Serge Volkoff, directeur de recherche associé au Centre d’études de l’emploi, « il ne s’agit plus de prévention mais uniquement de réparation, et cette nouvelle réforme confond pénibilité et incapacité de travail ».

En outre, le taux d’incapacité de 10 % va représenter une condition difficile à atteindre, car, à partir de ce seuil, les assurés reconnus en maladie professionnelle perçoivent une rente à vie en compensation de leur préjudice. Les enjeux pour franchir ce seuil vont donc être considérables et la bagarre devant les tribunaux du contentieux de l’incapacité devrait être féroce. « Cela pourrait entraîner une recrudescence des demandes de reconnaissance devant les tribunaux déjà surchargés, comme effet pervers non anticipé », craint Serge Volkoff.

Enfin, dernière modification de taille, les cotisations spécifiques instaurées par la loi de 2014 seront supprimées. C’est la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale qui financera les droits des salariés pour l’ensemble des critères. C’est probablement la seule mesure du nouveau dispositif avec laquelle le Medef est en désaccord. Car pour le reste, les organisations patronales ont plutôt salué les évolutions qu’elles ont largement inspirées.

« Injustice choquante »

Côté syndical, même si le ton se veut mesuré compte tenu des discussions en cours sur les projets de réforme du Code du travail par ordonnances, les réactions sont dans l’ensemble défavorables. La CFDT, qui avait tracé une ligne rouge sur le compte pénibilité, a estimé que cette évolution « est un droit à continuer d’abîmer la santé des salariés ayant les métiers les plus pénibles ». La CGT, pour sa part, a dénoncé un « nouveau cadeau au patronat », et Jean-Claude Mailly, pour FO, a déploré, le 10 juillet, sur France Inter, que « les problèmes de prévention ne soient pas assez soulignés ».

Plus mordantes, les réactions de l’Unsa et de Solidaires ont respectivement accusé le gouvernement de « faire preuve d’une injustice profonde, choquante aux plans social et moral » et d’« exclure et mépriser de très nombreux travailleuses et travailleurs de la possibilité de partir en retraite plus tôt alors qu’ils vont avoir une espérance de vie en bonne santé largement diminuée ».

C. L’avertissement des scientifiques sur le climat : dans trois ans, il sera trop tard
7 juillet 2017 / Élisabeth Schneiter (Reporterre) https://reporterre.net/L-avertissement-des-scientifiques-sur-le-climat-dans-trois-ans-il-sera-trop

Selon une analyse publiée dans la revue « Nature », l’humanité n’a plus que trois ans pour sauvegarder le climat terrestre. Six axes d’action pourraient permettre d’inverser la tendance.

SI les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter après 2020, ou même à rester stables, les objectifs de température fixés à Paris - 2°C maximum d’augmentation d’ici 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle - seront inaccessibles. C’est un des constats posés par des chercheurs du Consortium Climate action tracker, de l’Institut Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat et de l’université de Yale, dans un article récemment publié par le journal scientifique Nature. Ils s’appuient notamment sur un rapport publié en avril, 2020 : climate turning point (2020 : le point de bascule du climat).

Bien que l’activité humaine ait déjà entraîné une hausse de température globale de 1 °C, que les pôles fondent, que les récifs coralliens meurent de chaud et que des écosystèmes entiers s’effondrent, certains indicateurs sont positifs. Les émissions des États-Unis ont diminué de 3 % l’année dernière, alors que le PIB a progressé de 1,6 %. En Chine, les émissions de CO2 ont diminué de 1 % en 2016, et leur économie a progressé de 6,7 %. Autant de signes encourageants qui montrent qu’il est encore possible d’agir.

Mais il faut faire vite. Les auteurs de l’article avertissent qu’il ne reste à l’humanité que trois ans pour sauvegarder le climat terrestre, et vont même jusqu’à identifier et chiffrer six objectifs à remplir d’ici à 2020.

Ces objectifs ont été revus par et affinés avec des analystes de l’université de Yale, de Climate Action Tracker, Carbon Tracker, la coalition We Mean Business, le Partenariat sur les transports durables et à faible teneur en carbone (Slocat, pour « Sustainable, Low Carbon Transport »), le cabinet Systemiq, le projet New Climate Economy et Conservation internationale.

Énergie : Augmenter le pourcentage mondial d’énergies renouvelables de 23,7 % en 2015 à 30 %, au moins. Fermer toutes les centrales à charbon qui existent encore et ne plus en ouvrir de nouvelles.
Infrastructure : Les villes et les États doivent lancer des plans d’action pour décarboner complètement les bâtiments et les infrastructures d’ici à 2050, avec un financement de 300 milliards de dollars par an. Les villes doivent rendre au moins 3 % de leurs bâtiments, par an, à émissions zéro ou presque nulles.
Transports : Faire passer à 15 % la part des véhicules électriques dans les ventes de voitures neuves dans le monde, par rapport aux 1 % d’aujourd’hui. Doubler l’utilisation des transports en commun dans les villes, augmenter de 20 % l’efficacité énergétique des poids lourds et diminuer de 20 % les émissions de gaz à effet de serre produits par l’aviation par kilomètre parcouru.
Terres : Réduire la destruction des forêts et s’engager dans le reboisement. Les émissions nettes actuelles provenant de la déforestation et du nouvel usage des terres déboisées représentent 12 % du total mondial des émissions de gaz à effet de serre. Si on peut les réduire à zéro dans les dix ans qui viennent en cessant tout déboisement, et si la reforestation peut créer un puits de carbone d’ici à 2030, cela pourrait faire descendre les émissions globales nettes totales à zéro, tout en soutenant l’approvisionnement en eau et d’autres avantages. Les pratiques agricoles durables réduiraient les émissions et augmenteraient la séquestration du CO2 dans des sols sains et bien gérés.
Industrie : Accroître l’efficacité énergétique de l’industrie lourde — comme le fer, l’acier, le ciment, les produits chimiques et le pétrole et le gaz — et en réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2050. Elles émettent actuellement plus d’un cinquième du CO2 mondial, sans comptabiliser leurs besoins en électricité et chaleur.
Secteur financier : Il devra mobiliser au moins mille milliards de dollars par an pour des actions en faveur du climat. Les gouvernements, les banques privées et les prêteurs tels que la Banque mondiale doivent émettre dix fois plus d’obligations vertes (81 milliards de dollars émis en 2016) d’ici à 2020.

Alors que 20 dirigeants des plus grandes économies du monde se réunissent les 7 et 8 juillet lors du sommet du G20 à Hambourg en Allemagne, les auteurs leur demandent de considérer l’importance de 2020 pour les émissions de gaz à effet de serre et de prouver ce qu’ils font pour relever ce défi.

De leur côté, Christiana Figueres et ses collègues, dont Hans Joachim Schellnhuber, du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et Stefan Rahmstorf, de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat, ont lancé la Mission 2020, une campagne collaborative pour baisser la courbe des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.


D. PERTURBATEURS ENDOCRINIENS : LA FRANCE BAISSE LES BRAS

Autre capitulation du gouvernement, face à Berlin cette fois, la définition laxiste des perturbateurs endocriniens adoptée par la Commission européenne. Alors que la France s’y est opposée pendant plus d’un an aux côtés du Danemark et de la Suède, elle a finalement baissé les bras. Et la majorité qualifiée requise a été obtenue le 4 juillet à cause de ce revirement de la France. Elle a donc fini par se ranger du côté de l’Allemagne, favorable à une réglementation moins contraignante pour l’industrie.

Les critères adoptés serviront de base à la régulation des pesticides, mais aussi des secteurs comme les cosmétiques, l’agroalimentaire ou les jouets, qui contiennent ces substances chimiques soupçonnées de provoquer des cancers et des problèmes de fertilité. « C’est un grand succès, s’est félicité Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen à la Santé. Une fois mis en œuvre, ce texte assurera que toute substance utilisée dans les pesticides et identifiée comme perturbateur endocrinien pour les humains ou les animaux pourra être évaluée et retirée du marché. » Nicolas Hulot, ministre de l’Environnement, a également qualifié cette adoption d’« avancée considérable ».

Mais le fait que le niveau de preuve requis pour identifier les substances chimiques comme perturbateurs endocriniens soit trop élevé est dénoncé par des collectifs de scientifiques. Eux demandaient qu’une échelle graduée soit mise en place, distinguant les perturbateurs endocriniens « suspectés », « présumés » et « avérés ». Comme c’est déjà le cas pour les substances cancérogènes. Pour entrer en application, le texte adopté par la Commission devra être examiné par les députés européens. Ils auront quatre mois pour, éventuellement, adopter une résolution qui s’y opposerait, avec une majorité absolue.
Rozenn Le Saint et François Desriaux
Article Web - 11 juillet 2017


E ) La diminution de la biodiversité : plus grave que ce que l’on pense (trop) souvent
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biodiversite disparition consequences

La biodiversité, c’est fondamental. Et c’est pourquoi la perte de la biodiversité est peut-être l’enjeu écologique le plus grave de notre siècle, celui dont pourtant on parle trop peu.

Lorsque l’on parle de la biodiversité et en particulier des espèces menacées, on a instantanément en tête quelques espèces tutélaires qui font la une des médias depuis quelques années : les pandas, les tigres du Bengale, les ours polaires… Des animaux mignons ou majestueux, menacés par les activités humaines ou la pollution. Cette image d’Épinal donne aux questions de biodiversité une connotation très émotionnelle, très patrimoniale. On ressent tous de l’empathie pour ces animaux, de la pitié, de la tristesse…

Mais se rend-on vraiment compte de la gravité de la situation ? Pas si sûr. Pourtant, plusieurs études récentes expliquent pourquoi la perte de la biodiversité est peut-être l’un des enjeux écologiques les plus graves, peut-être plus graves encore que le réchauffement climatique.
Quantifier la la perte de biodiversité

Alors sortons un peu des clichés. La perte de biodiversité ce n’est pas seulement la disparition des éléphants ou des rhinocéros. C’est bien plus que ça. Selon les estimations du World Ressource Institute avec l’UNEP, entre 150 et 200 espèces sauvages disparaissent… tous les jours. Oui, tous les jours. Sachant qu’il y aurait environ 100 millions d’espèces animales vivantes sur la terre (selon les estimations les plus élevées), cela veut dire que nous pourrions détruire absolument toute la biodiversité animale de la planète en moins de 1500 ans (soit moins de 0.5% du temps depuis lequel l’Homo Sapiens existe).

Une étude du WWF estimait il y a peu que depuis 40 ans, 60% des animaux de la planète auraient disparu (parmi les populations des 3706 espèces vertébrées surveillées par le WWF). Alors bien sûr, on pourrait arguer que la biodiversité fluctue en permanence : c’est l’un des principes de l’évolution. À certaines périodes, des espèces disparaissent, d’autres apparaissent et certaines évoluent. Mais ce qui est inquiétant aujourd’hui, c’est que le rythme de disparition de la biodiversité est environ 1000 fois supérieur au taux normalement observé. C’est le taux de disparition le plus rapide depuis l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d’années.

Bien sûr, on ne se rend pas compte de ces disparitions, puisque la plupart ne sont pas médiatisées. La grande majorité des espèces qui disparaissent sont des insectes, des petits animaux, des oiseaux, des végétaux et malheureusement, cela est moins vendeur médiatiquement que la disparition des grands mammifères. Parfois, ce sont même des espèces que l’on avait même pas encore identifiées qui disparaissent.
Quelles conséquences de la disparition de la biodiversité ?

Mais alors, pourquoi est-ce si grave que des espèces disparaissent ? Tout simplement parce que le fonctionnement des écosystèmes terrestres repose largement sur la diversité des formes de vie qui les composent. En d’autres termes, chaque espèce sur la planète participe d’une manière ou d’une autre au fonctionnement de l’écosystème global. On pourrait dire qu’elles jouent toutes un rôle dans l’”équilibre” des écosystèmes (même si ce terme est galvaudé car en tant que tel il n’existe pas d’équilibre écosystémique). Or si elles disparaissent, ce rôle n’est plus assuré et cela perturbe le fonctionnement global, et cela a forcément des conséquences sur l’humanité.

En 2005, une étude a tenté de faire la synthèse des différentes manières dont les pertes de biodiversité ont des conséquences dramatiques sur notre environnement de vie. Voici la typologie qu’ils ont dressée sur les liens entre biodiversité et vie humaine :

Biodiversité et sécurité alimentaire : l’ensemble des données scientifiques (cela est confirmé par une étude publiée dans Nature en 2015) tendent à prouver que plus un écosystème est riche en biodiversité, plus il est productif sur le plan nutritif. En résumé : plus il y a d’espèces animales, végétales, de champignons ou d’insectes dans un environnement, plus la capacité de cet environnement à transformer les ressources inertes et minérales en ressources vivantes et organiques est élevée. Pour simplifier : les plantes convertissent les minéraux en matière organique, elles sont elles-mêmes converties en éléments nutritifs plus denses et plus complexes par les espèces herbivores, et ainsi de suite. Et plus il y a de plantes, d’insectes et d’animaux différents, plus cette conversion est variée et efficace. La diversité des espèces contribue aussi à maintenir les qualités nutritives des sols et donc à assurer la pérennité de la reproduction des différentes espèces. En résumé : moins il y a de biodiversité, moins les écosystèmes sont efficaces pour produire des éléments nutritifs (plantes, animaux, insectes) que l’Homme peut consommer. L’exemple le plus connu est celui des insectes pollinisateurs : sans eux, le développement des fruits ou des légumes est mis en difficulté.
Biodiversité et vulnérabilité des écosystèmes : les méta analyses scientifiques expliquent que la biodiversité est un facteur de stabilité pour les écosystèmes dans le sens où plus un écosystème dispose d’une biodiversité variée, plus il résiste aux “aléas”. Lorsque la biodiversité diminue, les milieux sont moins résilients, plus vulnérables, car ils sont moins “denses”. Par exemple, si certaines espèces de végétaux disparaissent, le sol est alors plus exposé à l’érosion, aux inondations, aux glissements de terrain. Si certaines espèces d’herbivores disparaissent, la multiplication des plantes type arbustes peut rendre les terrains vulnérables aux incendies…
Biodiversité et santé : la biodiversité favoriserait aussi les conditions d’une meilleure santé. D’abord par l’alimentation (comme vu plus haut) puisqu’en augmentant la diversité de l’alimentation, on augmente la diversité des sources de nutriments. Mais la biodiversité affecte aussi les risques sanitaires. En effet les études montrent que plus un écosystème est riche en biodiversité, moins la diffusion des virus ou bactéries pathogènes est facile.
Biodiversité et qualité du milieu : la biodiversité favoriserait aussi la qualité de l’air et la qualité de l’eau. Que ce soit à travers le monde végétal, microbien, à travers les variétés de champignons ou même à travers les différentes espèces d’animaux ou d’insectes, la biodiversité et la nature agissent comme des filtres pour notre environnement. La qualité de l’air que l’on respire par exemple dépend de la biodiversité. D’une part, l’oxygène que nous respirons est produit par des espèces vivantes (bactéries, plancton et plantes). Le premier producteur d’oxygène sur la planète c’est le plancton et le phyto-plancton océanique. Quand la biodiversité marine diminue, cela affecte le plancton et sa capacité à produire de l’oxygène. Idem avec les arbres des forêts Amazoniennes. En matière de qualité de l’eau, c’est pareil, les plantes agissent comme des filtres, des purificateurs.

Au final, on voit que la perte de la biodiversité pourrait affecter à peu près tous les domaines de notre vie : notre capacité à nous nourrir, notre santé, la qualité de notre air et de notre eau, notre capacité à produire…
La perte de biodiversité plus grave que le changement climatique ?

Il est très difficile d’évaluer avec précision les effets concrets de la perte de biodiversité. En effet, puisque la biodiversité fonctionne en termes d’écosystèmes, les effets peuvent rapidement avoir des conséquences insoupçonnées : effets de rétroaction, effets en chaîne, effets papillon… Ainsi, la disparition d’une espèce de prédateur peut entraîner la multiplication d’une espèce de ses proies, qui elle-même va interagir avec l’écosystème et avoir de nouvelles conséquences (par exemple la surconsommation des ressources végétales)… Au final, la disparition ou l’ajout d’une seule espèce dans un écosystème peut entraîner des effets gravissimes et y compris modifier la géographie de l’écosystème. Pour le comprendre, voici une vidéo qui montre l’effet que la réintroduction du loup a eu sur l’écosystème du parc de Yellowstone :

En termes d’ampleur et d’effets, il se pourrait même bien que la perte de biodiversité ait des conséquences encore plus dramatiques que le changement climatique ou la pollution de l’air. Il serait donc temps que l’on se préoccupe de cette question, autant peut-être que de celle du réchauffement climatique.