Urbanisme, déplacements : Débat sur le PAAD et le PDU métropolitains

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Les "minorités" ont animé le Conseil : dans le Débat sur le PADD (voici mon intervention), seul notre groupe ( gauche -centre et ecolo) et le groupe de droite ont pris la parole. Idem sur le plan de déplacement urbain, où Antoine Jammes pour notre groupe a proposé des amendements retenus par l’executif, puis Jean Claude Peyrin pour la droite, ce qui fait qu’ont été adopté des amendements également non souhaités par le Maire !.... La commission extra municipale quant à elle, a été portée par Philippe Cardin, absent du conseil, mais qui avait bien oeuvré en ce sens. Elle a été officialisée ce soir. Le voeu que je défendais a également été adopté à l’unanimité.

Marie Odile Novelli
Elue écologiste groupe AIMeylan

Conseil municipal du 25.06.2018
Contexte :

- L’évolution du PADD (projet d’aménagement et de développement durable) qui nous est proposé est un réajustement pour mieux répondre aux enjeux légaux (qui commandent des objectifs chiffrés, notamment sur la modération de la consommation d’espace).
Ce réajustement a lieu alors que s’effectue parallèlement un travail sur le PLUi, ce qui rend le débat d’aujourd’hui plus concret. Le PADD n’était pas un sujet pour nos concitoyens il y a deux ans ; il l’était encore moins en 2012 lors du vote du PLU de la commune en 2012 et 2014, mais l’est aujourd’hui, dans la mesure où il condition-ne le PLUi de la Métro en cours de construction (arrêté fin septembre en principe). 

Pour les Meylanais, les enjeux sont lourds : le PLUi se met en place dans un contexte de rejet de l’urbanisme mené à l’époque de MC Tardy et ses adjoints et dont les effets apparaissent pour les habitants qui ne sont pas spécialistes, seulement maintenant, ces deux dernières années. Dans ce contexte, la volonté d’intensifier l’urbanisation- même si des objectifs de renforcement de la nature en ville sont affichés- ne peut pas être aisément entendue, car elle est comprise comme une volonté d’aggraver la sanction ou « la peine » dont ils se sentent frappés. 

C’est sans doute en partie injuste : l’urbanisation dense ( supérieure aux préconisations du SCoT) qui a récemment supprimé nombre de haies arborées ou d’arbres, masqué le grand paysage, et refusé la création de petits parc urbains ou de jeux pour enfants et de cheminements traversants les quartiers alors que poussaient les immeubles par grappes de centaines de logements, n’est pas le fait de la Métropole mais bien des équipes successives en place à Meylan depuis 2008.
Si je parle de « peine », c’est que les habitants de Meylan savent que leur ville n’est pas belle grâce à son architecture, -car c’est une banlieue qui a poussée de façon plutôt anarchique comme toutes les banlieues-, mais qui est belle grâce à l’omni-présence de la nature, des points de vue nombreux et magnifiques sur la montagne environnante, et dont élus et habitants ont su défendre la qualité en ayant toujours une longueur d’avance jusque dans les années 2000. Aujourd’hui l’urbanisation a une longueur de retard, et il faut parler de double peine car la ville a perdu de sa beauté, de sa force, et de sa fierté, les entreprises -Schneider et d’autres- qui ont marqué l’histoire de la ville étant parties. On s’identifie facilement à sa ville, à son inventivité, à son quartier, à ses paysages !

Pourtant le PADD, qui est le cadrage du PLUi en construction, comporte des aspects intéressants et novateurs. Si le document de la ville de Meylan en 2012 avait eu cette ambition, nous aurions eu moins de déboires, ne serait ce que parce que le PADD étant plus précis, nous aurions pu attaquer certaines décisions d’urbanisme, les P.C. qui contrevenaient trop gravement aux principes auxquels étaient attachés les meylanais, et que je viens d’évoquer.

Je vais évoquer des aspects positifs de ce PADD, puis exprimer des souhaits d’amélioration. 

1. Eléments de satisfaction : ce PLUi qui a demandé un travail technique et politique de la Métro et des 49 communes, offre pour la première fois une vision stratégique pour l’agglomération : C’est un gros travail qu’il faut saluer dans un calendrier contraint.

Il n’y a pas de réponse purement communale, en effet, aux questions d’emplois, d’économie et de logements, de déplacements, de surfaces et de formes commerciales, d’espaces agricoles et de loisirs, ou d’environnement et de santé. Tous ces sujets demandent d’être intelligents à la bonne échelle.
La Métropole grenobloise a manqué en partie son objectif de croissance maitrisée et vertueuse parce que parfois - trop souvent- « le deal politique » a présidé aux choix d’investissements communautaires . On ne fait pas une bonne politique d’aménagement avec du deal politique, encore moins avec des arrangements de personnes.

- Ce PADD prend en compte ou veut prendre en compte la diversité des communes avec leur richesse propre, tout en dégageant une identité d’agglomération. Cette identité est donnée par le grand paysage (Montagne et plaine de l’Isere..), le patrimoine historique ou naturel et sa valeur touristique - ou encore par son patrimoine immatériel (la recherche et les universités notamment) et cela depuis Vizille jusqu’aux « polarités d’agglomération » Ouest, et Est (entrée du Gresivaudan) dont Meylan relève.

Ce PADD veut prendre en compte des sujets tels que le réchauffement climatique, la qualité urbaine, ou la consommation d’espaces naturels :
- Il affirme qu’il faut préserver les continuités écologiques voire les remettre en état, améliorer la qualité de l’air, adapter la métropole au changement climatique, favoriser les déplacements à pieds, et consommer moins d’espaces agricoles et naturels.
- Pour la première fois il affirme qu’il faut donner priorité au commerce de proximité,
et encadrer strictement (cad réduire) la création de nouvelles grandes surfaces commerciales. 
- Pour la première fois, il affirme l’importance de préserver des espaces pour les activités économiques. En effet, de la même manière que les espaces agricoles ont du être protégés pour éviter leur grignotage, il faut aujourd’hui « sanctuariser » les espaces économiques dont le transfert vers les périphéries de l’agglomération engendrent des déplacements couteux, polluants et inutiles.

— Il accorde de l’importance aux usages du quotidien en promouvant une Métropole « Polycentrique et de proximité » ( c‘est à dire essentiellement : « privilégier les fonctions de proximité », « développer l’offre d’équipements d’interêt général ou public », « faciliter les déplacements à pied au sein de ces centralisés de proximité etc… » ).
 Enfin, il marque une « Volonté d’ ériger les équipements publics en moteurs de la vie sociale ».
 
Nous aurions bien aimé que le PADD et le PLU 2012 de la ville de Meylan affirme ces objectifs ! Nous aurions pu alors contester certains permis de construire accordés !
Nous avons essayé à l’époque d’apporter des amendements au PLU qui allaient dans le sens de ces objectifs. Tous ont été refusés. Le PLU a donc autorisé toutes les constructions que les Meylanais ont vu fleurir sous leurs yeux. 
Je ne vais pas dire que la poursuite de l’urbanisation n’aurait pas eu lieu : la pression de la demande de logements dans l’agglomération, et les lois -SRU, PLH.. et le Scot - impliquaient bien une intensification des constructions. Mais il est sûr qu’ on aurait pu et qu’on aurait du mieux le faire mieux.

2.Remarques et souhaits d’ améliorations  : le PADD a de bon objectifs, mais…

- Certains sont encore peu exigeants : on ne diminue que de 20 % la consommation d’espace, c’est à dire qu’on autorise la poursuite de la consommation d’espaces.
- D’autres ne sont pas forcement appliqués :
- L’objectif d’utiliser tout le foncier économique existant est battu en brèche à Meylan…Certes, ce n’est pas la Métropole qui a vendu les terrains économiques ces dernières années par exemple . Mais elle entérine la conversion de terrain de PLM -Schneider en logements. On finit par se demander si le principal « garde fou » métropolitain n’est pas l’ inondabilité actuelle des terrains économiques qui fait que l’économie, réduite à portion congrue, se limite aux zones zones « de résilience » d’inovallée, tout le Nord ayant déjà été transformé en Logements…
De même l’intangibilité des terrains agricoles est elle vent tout liée à l’inondabilité de la Taillat.

On pourrait faire un parallèle avec les risques liés aux torrents de montagne et aux éboulements : l’objectif de non artificialisation des sols entraine un gel des constructions dans le haut Meylan. Cela parut plutôt judicieux, à l’exception peut être des constructions proches des dessertes de bus et des commerces qui du reste comportent déjà des immeubles (ex. derrière l’ancienne mairie ). Ce qui l’est moins, par contre, c’est de compter ce territoire dans l’ obligation de mixité sociale, c’est à dire que les logements sociaux qui n’ont pas été faits dans le haut Meylan- et qui ne peuvent pas l’être-, sont tous reportés obligatoirement sur le bas Meylan. Comment dans ces conditions faire de la mixité sociale ? C’est mathématiquement impossible.
Ce qui vaut pour Meylan vaut pour d’autres communes piémonts : on ne peut pas faire comme si ces villes étaient des plaines entièrement urbanisables, ni des villes urbanisées. Ce ne sont ni des plaines, ni des Villes au sens classique. Pour des raisons géologiques, notamment. On reprendra ce débat au moment du PLUi. Sinon, la belle unité métropolitaine respectueuse des différences pourrait voler en éclats ! Et c’est tout sauf souhaitable.

- Ensuite, on peut pointer de curieux « manques » dans les projets de requalifications urbaines et de voirie :
 En effet il n’y a pas que l’avenue de Verdun qui soit une grande voirie avec nuisances, mais c’est la seule inscrite dans le PADD. L’autoroute A 41 entre dans la ville (carrefour de la Carronnerie)… Meylan est également en bordure de rocade, et au carrefour de voiries proches de ces dernières : - avenue du Taillefer, Vieux chêne… La carte de bruit est édifiante à cet égard.
Les circulations sont malaisées aux heures de pointe et les bouchons bien présents sur l’avenue du Granier et du Vercors.
 Par ailleurs, alors que l’essentiel des constructions de logements s’effectuent en bordure de l’avenue du Vercors et du Granier, ainsi que du « chemin » du Vieux chêne (rappelons qu’il s’agit de plus d’un millier de logements), il n’est pas question dans le PADD de traiter ces « coupures » routières qui séparent le quartier Buclos grand pré des constructions des sources, ni de celles qui séparent le quartier d’inovallée de celui des Béalières.
 
Les autres remarques que nous souhaitions effectuer concernent surtout l’absence de cadrage du renouvellement urbain intensif.

(nota : J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur ce point -lors du PADD, lors d’une contribution au PLUi *48 propositions…etc).

Encore une fois, la construction de milliers de logements ne peut s’effectuer sans aménagement qualitatif du reste préconisées par le PADD (espaces verts jardins partagés, trames vertes et bleues, espaces d’auto-partage, équipements de proximité etc …).
Le problème de Meylan - mais cela doit être le cas pour d’autres communes- est que beaucoup de réalisations sont « des coups partis », et non de futurs constructions.
Mais ce sera souvent le cas du renouvellement urbain, qui n’est jamais de la construction ex nihilo !.
De même, ce n’est pas lorsque le grand paysage est massacré par une construction qu’il faut intervenir mais en bien en amont. 
Et quid de la restauration des corridors écologiques préconisée dans le PADD ? A quel moment sera t elle mise en oeuvre ?
 De même comment assurer la porosité des quartiers et la présence de cheminements piétons cycles ?…

C’est pourquoi il semble nécessaire de préconiser des outils d’aménagements d’ensemble, OAP (Orientations Programmatiques d’ aménagement ), PAPA (périmètre d’attente de projet d’aménagement), PPCP (Perimétres de prise en Considérations des projets) ZAC etc , ainsi que des indicateurs de veille qui puissent permettent d’éviter les grosses erreurs : nous avions proposé un seuil d’alerte à partir de la réalisation de 200 logements par exemple qui devrait permettre de se poser les bonnes questions d’aménagement, surtout si l’on dispose d’une carte des des TVB et des équipements présents ou absents en matière de loisir et de proximité tels que LCR, commerces, espaces verts de rencontre, etc, qui permettent d’avoir une vision d’ensemble dans la durée.
Sachant que l’urbanisation en R.Urbain s’étend sur plusieurs années, il faut prendre en considération l’offre nouvelles de logements sur plusieurs années… pour un rattrapage éventuel en matière d’equipements ou d’espaces verts  ! ( si rien n’a été fait alors que 800 logements ont été construits en 6 ans, il est urgent d’effectuer un rattrapage… ). Pour ces raisons nous attachons une vigilance particulière à la construction et reconstruction ds grandes parcelles que sont PLM, la Fac de pharmacie et le terrain de la société générale qui doit préserver les équilibres du PADD.

C’est du reste la proposition que nous avons effectué à plusieurs reprise, notamment par le biais d’un voeu tantôt à la ville tantôt à la métropole concernant l’outil DPUR sur INOVallée, pour créer des petits équipements de proximité (salle réunion habitants) et des espaces naturels (petit parc urbain avec jeux ). Mais vous reconnaitrez que mieux vaut anticiper.
Au fait, vous aviez voté ce voeu, Mr le maire, il avait été adopté à l’unanimité le soir où le budget avait été refusé à la surprise générale (en tous cas à la mienne, comment se fait il que vous n’en appliquez pas le principe à vous même ? 

La question est finale est bien : la Métropole se dotera t elle des moyens de mettre en place des aménagements de qualité ? C’est hautement souhaitable.
 Certes, un guide métropolitain des espaces publics a été édité par la Métropole .
Mais ces préconisations ne s’imposent pas .

C’est pourquoi nous proposons que la métropole se dote de moyens de suivi qualitatif de ces préconisations, en s’appuyant également sur les citoyens.

C’est le sens du voeu annexé. 


Marie Odile NOVELLI
Conseillère municipale écologiste
du groupe AIMeylan
Conseil Municipal du 25 Juin 2018

Voeu adressé à la Métropole (adopté à l’unanimité)

Participation des citoyens au développement métropolitain et à son suivi qualitatif :

La construction du PLUi s’effectue autour d’objectifs ambitieux mais aussi des tâtonnements inévitables ( « on avance en marchant »).

Afin d’aider à la mise en place de ses objectifs qualitatifs, la Métropole a la bonne idée d’éditer un GUIDE MÉTROPOLITAIN DES ESPACES PUBLICS ET DE LA VOIRIE.

Afin que les intéressantes préconisations de ce guide soient testées, éventuellement réajustées ou précisées, et, surtout, afin qu’elles ne restent pas lettre morte, il parait intéressant et nécessaire d’avoir un suivi qualitatif du développement métropolitain.


A cette fin, il est proposé à la Métropole d’organiser une analyse partenariale des pratiques urbanistiques (notamment en matière d’offre nouvelle importante de logements, qu’il s’agisse de dents creuses ou de renouvellement urbain conséquent) et particulièrement des espaces publics, des TVB, de la voirie, et d’effectuer au moins un bilan annuel impliquant les citoyens acteurs de leur cadre de vie.