Nanobiotechnologies et MINATEC/Grenoble

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Nanobiotechnologies/ MINATEC (Grenoble) :
Macroprofits industriels sur financements publics, avenir environnemental et societal incertain, mépris democratique garanti...OGN et les Verts

Nanobiotechnologies/et MINATEC

(voir aussi pour info actualisée :rapports sur les nanotechnologies)

I.Communiqué
II. Coùts de MINATEC
et votes des élus regionaux Verts
III.qu’est-ce que les nanosciences et nanotechnologies ?
IV.Enjeux actuels, risques connus

V.Actu : OGN "contre" Verts ?

I. Communiqué de M.O. Novelli :
Le questionnement justifié sur les nanobiotechnologies et sur MINATEC doit devenir public, et les moyens de suivi et de contrôle effectifs

MINATEC, pôle européen de recherche piloté par le Centre du Commissariat de l’Energie Atomique de Grenoble, le CEA-LETI (laboratoire d’électronique et de technologie de l’information) a été inauguré ces deux jours dans la contestation des opposants grenoblois aux nécrotechnologies (OGN).
Entreprise d’industriels et de chercheurs travaillant à la fois pour produire des microtechnologies et des nanobiotechnologies, sur toute la " filière", selon un processus grenoblois bien établi -de la conception (recherche fondamentale) à l’application (recherche appliquée) puis à la production-, MINATEC est paradoxalement essentiellement financée sur fonds publics.
Or, si l’intérêt scientifique du projet est indiscutable, son intérêt sociétal est problématique.

Ce sont les micro technologies (200mdsE au niveau mondial) "rassurantes" car nous les utilisons deja dans nos portables, qui sont presque toujours mises en avant par les promoteurs du projet.
Quant aux nano(bio)-technologies, elles sont méconnues , tant dans leurs caracteristiques que dans leurs effets. Il faut dire que l’information n’est guere divulguée.
Ces nanoparticules d’un millionième de millimètre - qui concernent aussi bien la chimie,la biologie, la physique ou l’electronique- sont un projet commercial, aux conséquences "inouies", que l’ensemble des citoyens, et des élus, ne mesure pas.

l’enjeu des nanotechnologies dépasse de loin la question des "bonnes" applications (par exemple les applications médicales, tant vantées) et des "mauvaises "applications, par exemple militaires : la contruction atomique va brouiller les distinctions entre vivant/inerte, animal/humain, animal/végétal et bouleverser nos repères.
Cette révolution est entamée, si l’on veut bien le voir, avec les OGM par exemple ( gènes d’animaux "bombardes" sur des plantes) ou avec les puces introduites dans le corps humain...Or, la societé dans son ensemble n’ a pas été conviée à réflechir à cette mutation fondamentale .Certains élus porteurs du projet depuis plusieurs annees avouent même (off) n’avoir que tres récemment cherché l’information dans des livres et mesure du coup, les enjeux et les risques de ces nouvelles techniques.
Encore s’agit-il des plus curieux.

Ce projet nanobiotechnologique est affaire de "nano-castes" de scientifiques hyper-spécialisés, mais destinée à une "macro " diffusion car relayée par des industriels d’emblée associés au projet, avec des profits colossaux attendus.
Toute la question est là, et le devoir des politiques, en tous cas des Verts, est de poser la question.
Mais l’on voit combien c’est difficile. Le questionnement ne parvient pas à se frayer un chemin dans l’espace mediatique televisuel(sauf dans les medias locaux).
Au niveau national, seuls sont relayées les fabuleux progres attendus des nanotechnologies. Comme si l’experience historique était inutile, qu’il n’y avait pas eu l’amiante (90 ans pour reconnaitre les risques industriels) ni Tchernobyl : les victimes Corses de la thyroide, aussi touches que ceux le l’ Ukraine (a 100 KM de la centrale), se battent encore pour faire reconnaitre leur préjudice.

Au delà des choix scientifiques et techniques, se pose donc des questions éthiques et anthropologiques .
Et ce n’est pas tout : le débat strictement politique, concernant le choix d’affectation prioritaire de l’argent public n’ a pas lieu. Gauche et droite sont unanimes pour investir massivement l’argent public dans ces technosciences, dans une fuite en avant que les Verts sont les seuls, dans les institutions, à soulever.
Or, pendant que l’on imagine des solutions techniques tres onéreuses, pour ameliorer la santé, qui ne bénéficieront qu’aux plus aisés, les inégalites s’accroissent en France et dans le monde avec tout juste quelques soupirs de regrets, et aucun questionnement sur le fond : est- ce les progres médicaux qui ont éradiqué la tuberculose, ou bien l’amélioration de la qualité de vie , l’hygiène et la nutrition ?
Est ce le progrès des nanotechnologies qui va améliorer la lutte contre les pollutions et notre santé, ou bien l’amélioration de la qualite de l’ air, de l’eau, des sols ? On redecouvre après 50 ans d’euphorie chimique que rien ne vaut l’agriculture biologique, pour la qualité alimentaire. Tout ca pour ca ? Payer au prix fort le coût de notre arrosage chimique des sols, de l’invasion de l’air par les "nanoparticules" des diesels de nos voitures (oui, les nanos existent deja !), pour aller encore plus loin dans notre arrosage de la matière, et du vivant ? N ’est - on pas en train de se fourvoyer très gravement ?

Voila les raisons pour lesquelles, au fur et à mesure que l’évolution de nos connaissances sur le sujet, en tant que Conseillers regionaux Verts, élus depuis 2004, nous avons voté contre les rapport octroyant des subventions au projet MINATEC. Il ne s’agissait pas de fermer MINATEC, il s’agit de rendre aux citoyens des élements de contrôle et de débat sur cette question. *

Nous demandons dans l’immédiat la mise en place d’un comité d’éthique citoyen reellement independant , et d’un comité de suivi reellement interdisciplinaire, capable d’accompagner en l’anticipant les developpements des nanotechnologies, avec des moyens d’interpeller et d’informer les citoyens, ainsi que la tenue de larges débats publics à Grenoble et au Conseil regional sur ces questions. Il faut un moratoire, comme pour les OGM , sur le développement applique dans la societe, des nano(biote)chnologies. c’est bien le moins que l’on puisse faire ! La recherche doit rester "confinée", c’est à dire sans applications anthropologiques et sociales, tant que ne sont pas réglés les problemes éthiques, sociaux et environnemenentaux qu’elle soulève.

Ces questions sont trop sérieuses pour etre laissées aux seuls chercheurs et aux seuls industriels marchands. Le problème, c’est qu’il est deja presque trop tard, et que le suivi, l’accompagnement pour "limiter les degats" doit être mis en place immediatement . Toute autre atermoiement serait à mon sens criminel.

Le 1er Juin 2006
Marie Odile NOVELLI
Vice presidente (Verts) du Conseil Regional

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Si vous êtes à la recherche d’informations sur les enjeux des nanos biotechnologiques ,
Je vous recommande 3 articles issus de 3 sites, dont un seul est vraiment"anti nano" :

1. l’article de Jean Pierre Dupuy, membre du Comite d’Ethique et de Precaution de l’INRA, Directeur de recherches au CNRS, qui pose bien les probemes, que vous trouverez aussi en bas de page, notamment la partie 4.
(http://2100.org/Nanos/NanosJPDJR.rtf )

site.j.m.DUPUY

2. Le site du CNRS , a voir aussi pour une information documentee :
site.info.cnrs.&co

3. Enfin, Le site futura sciences, dont l’objectif est de "Promouvoir les sciences et les technologies" , de favoriser l’exposition par les scientifiques de leurs travaux et de "Favoriser une maitrise citoyenne des enjeux poses a la societe " a l’intelligence de proposer en transparence deux etudes d’impact canadiennes sur les risques pour la sante des travailleurs exposes aux nano. La démarche est plus interessante que celle des pilotes grenoblois actuels. voir (futuracom) .

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II.MINATEC

Coût 193 Millions d’euros
Conseil Général de l’Isere : 42,85 millions d’euros
Conseil Regional : 25,5 ME
Grenoble : 12, 6 ME
Metro (agglo) :12,6 ME
Etat : 13 ,4 ME
Prive : 47,30 ME
CEA 39,17 ME

Financements du Conseil Regional depuis Mars 2004 :
-2,6 millions d’euros en CP ( commission permanente ) le 18 mai 05 .
Vote "contre des Verts".
(Les Verts s’étaient déjà opposés précédemment au contenu "Nano" du Contrat d’agglo grenobloise, même s’il n’y avait pas de vote financier à la clé.)
- Plus 2 millions rajoutes dans le cadre du PERIC en Assemblee pleniere
(PERIC : Partenariat Economie, Recherche, Innovation et Competitivite).

Vote "contre" des Verts.

III.Les Nanosciences et nanotechnologies

Volet scientifique et technique en (tres) bref :

Les Nanosciences et nanotechnologies sont des developpements issus des recherches menees a l’echelle atomique et moleculaire (l e millardieme de metre) en physique, chimie et biologie. Depuis quelques annees, on souhaite croiser ces recherches avec la micro electronique, la biologie et les techniques de l’information, d’où le concept de nanobiotechnologies.
Leurs applications dans notre quotidien seront multiples : energie, materiaux, electronique, sante, cosmetiques, medicaments, automobile, batiment, communication, armement, conquete spatiale...

IV.Volet industriel et commercial, les questionnements actuels :

Le projet des nano(bio)technologies est un projet industriel et commercial, qui implique donc de profondes mutations technologiques, qui boulerverseront considerablement notre environnement. Comme le dit Eric Drexler (USA) a l’origine du projet des nanos technologies : " nous pourrons tout demander a des nanopuces, nanorobots, nano-assembleurs ou nanomachines mus par des nanomoteurs que nous aurons concus. " c’est le reve du vivant mecanise (ou plutot : informatise) devenu realite, qui s’autoconstruit.
Les hommes sont ils prets a maitriser cet avenir ? Non.

Nous ne savons rien des impacts environnementaux des bio-technologies et des nano-technologies. Nous n’avons aucun recul. c’est deja particulierement vrai des OGM, pour lesquelles on commence pourtant a avoir des etudes inquietantes, qui concernent les modifications des etre vivant alimentes d’OGM, en depit de l’etouffoir des interets economiques * ...

Outre la question concernant le risque eventuel, a terme "d’assemblages qui echaperaient a leur createur", les principaux problemes evoques sont la dispersion eventuelle des nanoparticules dans l’environnentet la miniaturisation des puces et systemes communicants par ondes radio appliquese a des fins liberticides.

Concernant les risques de toxicite, en janvier 2004, deux etudes effectuees par la NASA ont montre la toxicite des fibres de nanotubes de carbone sur les poumons des rats, qui ont developpe des reactions inflammatoires susceptibles de degenerer en tumeurs. De même, l’universite de Dallas a mis en evidence un effet toxique des fullerenes - nanomateriaux qui pourraient servir comme transporteur cible de medicament - sur des daphnies, des petits crustaces, dont le tissu cerebral a ete endommagé.
La question des nanobiotechnologies est encore plus complexes que les OGM. 
Elles se developpent dans le secret des laboratoires. Les experts scientifiques sont à la fois juges et partie. Qui plus est, comme à l’ordinaire dans notre societe, ils sont lies en grande partie a des interets économiques,voire militaires.
Lorsque les scientifiques disent appliquer le principe de precaution, ils se contentent en pratique d’avoir des procedures d’evaluation des risques (puisque "le risque zero n’existe pas").

Mais voila, cette evaluation, quoiqu’ils en pensent, nous pressentons qu’ils ne sont pas en etat de la faire. Non parce qu’ ils sont a la fois juges et partie, mais, plus profondement, parce que le risque est trop global, social ou societal, ethique, environnemental, biologique, bref, inimaginable, et qu’il depasse la sphere d’intelligibilite d’un specialiste scientifique.

Or les specialistes scientiques ne nous ont pas convies a reflechir sur les consequences de mutations qu’ils ont engages seuls. Lourde - trop lourde-responsabilite, dont ils devraient se degager au plus vite, s’ils ont encore quelques elementaires reflexes de survie.
Comme le dit Jean Pierre Dupuy, membre du Comite d’Ethique et de Precaution de l’INRA, Directeur de recherches au CNRS, "Le debat sur les nanotechnologies est encore au stade embryonnaire en France... Il va etre, il est deja presque impossible de reflechir" (...) Il ne faut pas " se laisser emprisonner dans la problematique des risques, les analyses couts avantages et autre principe de precaution" Le danger est d’une nature telle qu’il est vain de chercher à l’apprehender par les methodes classiques..."

La science est incapable de ce retour reflexif sur elle-meme qui est le propre de toute activite humaine (Heidegger, cite par JP D).

Il faut permettre à des representants de la societe civile, non seulement de poser les bonnes questions, mais d’alerter librement et largement la societe civile des la decouverte de problemes, avec tous les moyens utiles et necessaires. Aujourd’hui nous en sommes loin. Les élus en situation de decider de ces questions (il ne s’agit jamais de Verts,juges trop dérangeants) s’honoreraient de mettre en oeuvre la democratie qu’ils representent et qui les fait vivre.

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* notamment études conduites par Manuela Malatesta, universite d’Ubino, Italie, qui montre des modifications des cellules du foie apres ingestion de soja OGM et qui ont ete contre-attaquees par des etudes superficielles (voire "truquees") menees par Monsanto. Les credits de l’ Etat Berlusconi ont ensuite ete supprimes pour cette etude, en raison de "l’innocuite" des OGM !...).

OGN "Contre" VERTS ?

Les militants d’OGN, (Opposition Grenobloise aux Necrotechnologies) dont beaucoup sont de jeunes étudiants, reprochent aux Verts de n’avoir pas tirésuffisamment fort la sonnette d’alarme, et aux élus d’avoir eu une position de gestionnaires ( l’absention, notamment ayant prevalue au début). Ces explications ont fait l’objet de discussions assez vives lors du debat public organise par les Verts le 1er Juin 06 et lors de la conférence de presse des Verts,"squattée par OGN", et d’échanges qui ont duré plusieurs heures.
Les élus "incriminés" ont dans l’ensemble honnètement répondu qu’ils n’étaient pas des surhommes(femmes) et que ce dossier n’était qu’un des dossiers qu’ils avaient à traiter (à l’inverse d’ OGN) et qu’ils avaient du chercher par eux même une information absente , leur connaissance du dossier n’étant generalement q"u’un chapitre budgetaire soumis au vote sans autre réelle explication".
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Neanmoins, les élus Verts sont les seuls à avoir posé dans les hemicycles ces questions, qui leur ont valu certaines rancoeurs de la part de leurs collegues de gauche (et de droite, eux aussi unanimement et sereinement "pour" la technoscience).

On doit reconnaitre à OGN, malgré tous ses excès, le travail fourni et la mobilisation effective pour tenter d’alerter.

Plus profondément, nous divergeons de "OGN" sur un point essentiel (outre que nous ne pouvons tolérer le moindre appel à saccager les locaux de MINATEC, qui du reste n’est pas le fait de la majorité des militants d’ OGN) : nous ne sommes pas "contre" la recherche fondamentale concernant les nanotechnologies.
Nous ne voulons donc pas immédiatement fermer MINATEC
. Nous sommes pour un moratoire, un refus des applications/disseminations des nano(bio)technologies. Le débat sociétal, en effet, n’ a pas eu lieu, et le contrôle independant des risques n’est pas effectif.
Concernant les moyens, evidement, les Verts sont légalistes, excluent les saccages, meme si nous reconnaissons la legitimite d’actions illegales au sens strict, telle que les arrachage d’OGM. Mais il s’agit dans ce cas d’actes symboliques,d’arrachages en petite quantite, il ne s’agit pas de saccage en règle de materiel, contrairement a ce que les grandes firmes telles que Montsanto soutiennent. Il s’agit de "poser sur la table" des problemes de societe qui ne le sont pas, a cause des lobbies economiques concernes.
Concernant les nanobio..., les formes d’actions non violentes et efficaces restent a trouver.

Sur le plan de l’information communication, nous n’avons pas plus réussi que OGN à instaurer un questionnement grand public sur le fond : les grands medias televisuels se sont bornes à passer quelques secondes de la "chamaillerie" d’ OGN a l’adresse des Verts. Ni OGN, ni les Verts, n’ont pu tenir de propos pertinents sur le fond du dossier, qui soient repris dans les medias. Pour le moment, la stratégie "OGN" contre les Verts a donc plutot eu des resultats "perdants /perdants". Gageons que cela peut evoluer... Car c’est la societe qui est perdante.