LIBAN : La trève va-t-elle tenir ? (2006)

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

" Les réfugiés rentrent" , titrent les journaux...
Comme un 15 août en France, il y a des bouchons sur les routes...Mais nous sommes en Israël et au Liban...

LIBAN : La trève va -t-elle tenir ?(*)

écrit le 15 Août 2006

" Les réfugiés rentrent" , titrent les journaux...
Comme un 15 août en France, il y a des bouchons sur les routes...Mais nous sommes en Israël et au liban.
Après 33 jours de guerre, et une sale marée noire qui n’ a pas fini de s’écouler (près de 15 000 tonnes de mazout dont 80% continuent de flotter, selon l’estimation du gouvernement libanais), et des roquettes non explosées, très dangereuses (estimées à 10% des bombardements), plus des morts, en quantité, que l’on n’a pas fini de compter...

De la France, en première ligne parce qu’elle dirige l’actuelle FINUL* et qu’elle s’est largement impliquée pour parvenir à l’adoption de la résolution 1701, on attend qu’elle envoie 4.000 hommes. Sans savoir à ce jour, car elle ne s’est pas exprimée, si elle les enverra. On annonce aussi des contingents italien, espagnol ou turc -

Optimiste ?Il serait naïf de l’être, même si l’on peut se réjouir de cette avancée.

Le général français Alain Pellegrini, actuel commandant de la Finul, qui connait son sujet, confiait aux medias :

"Je vois les choses avec beaucoup de réserves et l’avenir avec un peu d’appréhension. Il en faut peu pour que ça redémarre", estime-t-il ans une interview au Monde. Pour lui, la situation est "très fragile...

On peut en effet avoir au moins 4 grandes interrogations :

1 11. Le Hezbollah restera- t - il lié à l’Iran pour les grandes décisions politiques, sur le plan de la doctrine ?
Bref rappel : lorsqu’en 1992 le parti chiite a dû prendre la décision de participer pour la première fois à des élections législatives, il a dû obtenir le feu vert de l’imam Khomenei.
Dans ce cas, les chances de succès paraissent minces.
Ou bien se "libanisera"- t il ?

2. Les Libanais qui supportent depuis près de 33 ans, à peu près seuls dans le monde arabe, tout le poids de la confrontation avec Israël vont - ils enfin se "recentrer" sur eux même, parce qu’ils ont une foule de problèmes à résoudre , pour consolider la paix civile ?

3. Le maintien du cessez-le-feu suppose notamment le déploiement rapide d’une force internationale chargée d’en vérifier l’application. Or, cette rapidité n’est pas garantie. Le général Alain Pellegrini estime qu’il faudra deux à trois semaines pour déployer l’armée libanaise mais jusqu’à un an pour porter les effectifs des casques bleus à 15.000 hommes !
Sans même évoquer la réalité des envois militaires européens, et notamment Français. Certes, le risque est très réel pour les soldats. Mais est - on crédible si l’on n’offre pas une force alternative à celle de l’ OTAN ?

4. Enfin, tout cela ne sera durable, perenne, que si cette interposition est effectuée dans le cadre plus large d’un règlement régional équitable de tous les contentieux, au premier chef desquels se trouve le conflit israélo-palestinien.
Et ça, ça n’est vraiment pas gagné...-

Note 1 :

*Force Interimaire des Nations Unies au Liban. Etablie en 1978 pour confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, rétablir la paix et la sécurité internationales et aider le Gouvernement libanais à assurer le rétablissement de son autorité.

Note 2 :

*ONU : Résolution 1701

12 août 2006 - source : Nation Unies (AP)

La résolution 1701 (2006) sur le Liban adoptée vendredi soir par le Conseil de sécurité des Nations unies :

- appelle à une “cessation totale des hostilités”, fondée sur “la cessation immédiate par le Hezbollah de
toutes les attaques” et “la cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires”

- demande à l’armée libanaise et à la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) de se déployer dans le sud du pays et demande à Israël de “retirer en parallèle toutes ses forces du Sud-Liban”. Beyrouth a prévu de déployer 15.000 hommes au Sud-Liban

- renforce les effectifs et le mandat de la FINUL qui va passer de 2.000 à un maximum de 15.000 casques bleus. La FINUL, dont le mandat est prorogé jusqu’au 31 août 2007, devra notamment “contrôler la cessation des hostilités” et aider le gouvernement libanais à ses sécuriser ses frontières et exercer son autorité sur l’ensemble de son territoire. Elle est pour cela autorisée à “prendre toutes les mesures nécessaires” dans les secteurs où elle est déployée

- appelle Israël et le Liban à appuyer un “cessez-le-feu permanent” et à trouver une “solution à long terme” fondée sur les principes suivants :

-“strict respect” de la Ligne bleue définie par l’ONU entre Israël et le Liban

-mise en place d’une zone tampon entre cette Ligne bleue et le fleuve Litani où seules seraient déployées l’armée libanaise et la FINUL

-“désarmement de tous les groupes armés au Liban”, notamment le Hezbollah, et interdiction de toute vente d’armes sans l’autorisation du gouvernement libanais

- demande à la communauté internationale d’apporter une aide humanitaire immédiate aux Libanais et de faciliter le retour des dizaines de milliers de personnes déplacées, notamment en rouvrant les ports et aéroports

- souligne qu’il faut obtenir “la libération inconditionnelle des soldats israéliens enlevés” par le Hezbollah et encourage “les efforts visant à régler d’urgence la question des prisonniers libanais détenus par Israël”