Nombre de détenus en France (2007)

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Le nombre de détenus a augmenté de 19 % depuis 2002 sous l’effet des politiques pénales

Le nombre de détenus a augmenté de 19 % depuis 2002 sous l’effet des politiques pénales

LE MONDE | 18.04.07 | 15h18 •

Plus de 10 000 prisonniers supplémentaires en une législature : de 2002 à 2007, le nombre de personnes écrouées en France est passé de 53 200 à 63 300, selon une analyse publiée, mardi 17 avril, par Pierre Tournier, directeur de recherche au CNRS.

Le problème de la surpopulation carcérale se pose de façon plus aiguë. Face à une croissance des effectifs de 19 % en cinq ans, "la capacité opérationnelle des établissements pénitentiaires augmentait, elle, de 5,9 %, d’où une forte détérioration des conditions de détention au cours de la législature", souligne M. Tournier. Au 1er avril, l’on recensait 11 500 prisonniers de plus que de places disponibles. Le chercheur cite les cas des maisons d’arrêt de Bonneville (Haute-Savoie), avec 204 détenus pour 90 places, ou de Béthune (Pas-de-Calais), qui héberge 402 prisonniers dans 180 places.

De précédentes études conduites par l’administration pénitentiaire ont montré que ce sont les politiques pénales menées, davantage que la délinquance, qui déterminent les effectifs, en modifiant le nombre des entrées en prison et le temps que l’on y passe.

La croissance observée en cinq ans témoigne d’un net tournant répressif : ce sont les personnes définitivement condamnées qui ont nourri la population carcérale (45 000 condamnés en 2007 contre 35 000 en 2002). Le nombre des personnes placées en détention provisoire dans l’attente d’un jugement, lui, demeure stable (environ 18 300).

A l’autre bout de l’échelle, les condamnés à des peines de cinq ans et plus ont augmenté de 14 %, les peines criminelles de 1,1 % seulement. Les faits qui conduisent en prison ont, eux aussi, évolué. Les infractions sexuelles se stabilisent : 23 % des condamnés en 2002, mais 20 % en 2007. A l’inverse, "la proportion de détenus condamnés pour coups et blessures volontaires n’a cessé d’augmenter", passant de 13 % à 21 %.

Le tournant pénal se mesure aussi à la sortie de prison : les libérations conditionnelles ont été fortement réduites. Elles ne concernent plus que 5,5 % des sortants de prison, contre près de 9 % il y a cinq ans.

Nathalie Guibert
Article paru dans l’édition du 19.04.07.

CHIFFRES
LA FRANCE, au 1er avril, atteint un taux de détention de 100 détenus pour 100 000 habitants, contre 86,5 en 2002.
EN EUROPE, les derniers chiffres consolidés en 2005 (base de donnée Space) distinguent trois groupes :
- taux de détention inférieur à 80 détenus pour 100 000 habitants : Norvège (67), Finlande (73), Danemark (76), Suède (78).
- taux compris entre 80 et 100 : Belgique (90), Allemagne (96).
- taux supérieur à 100 : Italie (102), Autriche (107), Portugal (122), Pays-Bas (134), Royaume-Uni (140), Espagne (142).