TIBET

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Tibet : SESSION PLÉNIÈRE DU CONSEIL RÉGIONAL RHÔNE-ALPES des
10 et 11 avril 2008
Intervention de Gérard Leras

SESSION PLÉNIÈRE DU CONSEIL RÉGIONAL RHÔNE-ALPES
10 et 11 avril 2008

Intervention de Gérard Leras

Voeu TIBET

Monsieur le Président,

La répression au Tibet n’est pas acceptable, toutes les répressions coloniales ou néo-coloniales non plus. Au-delà des morts récentes, les Verts soutiennent les tibétains face au quadrillage militaire de leur région autonome, face à une oppression culturelle et linguistique débridée, face aux massacres environnementaux exercés sur les hauts plateaux.
Il faut cependant regarder les réalités, toutes les réalités en face, et faire la part des choses au lieu de se laisser gagner par une emphase facile et envahissante :
L’irresponsabilité de la Chine quand elle laisse traîner les déchets de l’extraction d’uranium au Tibet est elle supérieure à l’irresponsabilité de la France quand elle le fait au Niger ? Jugeons nous différemment les exactions des autres, ailleurs, que nos exactions dans notre sphère d’influence ? Ce recul salutaire devant l’ensemble des situations ne doit pas cependant nous faire taire.
Deuxième exemple : Le Dalaï Lama est parfois considéré comme le porte drapeau d’un ancien régime théocratique et féodal. Nous sommes laïques et nous ne pouvons pas soutenir la théocratie. Nous sommes épris d’équité et de solidarité. Nous ne pouvons pas soutenir le système féodal, esclavagiste par exemple qui prévalait avant 1959 au Tibet. D’ailleurs, le Dalaï Lama ne milite pas lui-même pour un retour au passé.

En quoi tout cela devrait-il légitimer une acceptation de la répression actuelle ? Et n’oublions pas non plus que les atteintes à la démocratie ne s’arrêtent pas aux confins du Yunan ou du Sechouan : la démocratie doit s’installer dans toute la Chine comme au Tibet.

Notre soutien face à la répression au Tibet, comment l’exprimer ? l’Exécutif nous propose un vœu. Les radicaux de gauche et nous même le trouvons utile, mais trop partiel. La portée de ce vœu est hypothéquée par deux défauts :
Premièrement, il est rédigé dans le contexte des Jeux Olympiques, sur fond de circulation chaotique de la flamme. Mais l’éclairage des Jeux peut aveugler, un peu comme la crise du gouvernement et de l’UMP autour de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet a objectivement permis de ne pas voir l’essentiel : l’annihilation, en ce qui concerne les OGM, des travaux du Grenelle de l’Environnement. L’essentiel quant à la Chine ne se situe pas particulièrement dans le domaine des Jeux. Il se situe dans l’économie, dans la délocalisation vers l’Occident de capitaux chinois sauvagement accumulés en quelques années sur le dos de travailleurs ou d’enfants surexploités, sur le dos de la nature et des ressources aussi. Il se situe symétriquement dans la délocalisation vers la Chine d’investissements industriels voraces. Cette nouvelle division internationale du travail et des profits, on n’en parle pas. La Chine n’en est pas seule responsable. Le libéralisme et le productivisme international le sont.
Deuxièmement, le vœu s’adresse à la France et à la communauté internationale, en oubliant nos propres responsabilités de Région liée à une collectivité chinoise par des contrats de coopérations. Radicaux de Gauche et Verts souhaitent donc que nous nous adressions aussi à nos partenaires pour qu’eux même interviennent auprès des autorités centrales de Pékin.
Nous proposons donc un amendement qui vient compléter le vœu de l’Exécutif.