L’agriculture sociale , ça existe aussi en Isère ! (Mai 08)

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

J ’étais hier à Saint Hilaire du Touvet à 1000 m d’altitude en Chartreuse où se déroulait un forum de réflexion sur l’agriculture à vocation sociale et thérapeutique.

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Saint Hilaire du Touvet :
réflexion sur l’agriculture à vocation sociale et thérapeutique

J ’étais hier à Saint Hilaire du Touvet à 1000 m d’altitude en Chartreuse où se déroulait un forum de réflexion sur l’agriculture à vocation sociale et thérapeutique. J’ ai introduit cette journée en tant que Vice présidente du Conseil Régional sur la création d’un réseau européen animée par le très dynamique Gérald Assouline, économiste et sociologue à l’ Université Pierre Mendès France.(discours en bas de page))
Le projet So Far (Social Farming) s’inscrit dans une vision où l’activité économique est au service des êtres humains et l’action sociale est intégrée aux autres activités. Personnes handicapées, autistes, SDF... sont quelques unes des personnes concernées.

Second forum régional sur l’agriculture
à vocation sociale et thérapeutique en Europe SOcial FARming

lundi 19 mai 2008,
Solid’Action
Saint Hilaire du Touvet

Intervention de Marie-Odile NOVELLI

Vice-Présidente du Conseil régional déléguée au Logement, au Foncier
à la politique de la Ville et aux Solidarités

Je suis très heureuse d’être parmi vous pour ce second forum régional sur l’agriculture à vocation sociale et thérapeutique en Europe ....
C’ est un sujet qui me concerne en tant que VP déléguée dans des secteurs qui traitent de "publics en difficultés" : solidarité/handicap et politique de la ville/habitat. Les enjeux en matière d’insertion, de lien social, de qualité de vie sont pour moi importants.
Mais c’est aussi un sujet de citoyenneté qui interroge la place de l’être humain dans le monde, en Europe. Avec le grand mérite de poser le probléme en apportant des réponses locales. (Du local au global et reciproquement).
C’est , enfin, un débat qui dépasse la simple question du « traitement de publics » pour porter sur le statut des activités économiques.
Et je voudrais insister un peu sur ce point : il s’agit bien d’une forme d’innovation économique et sociale, à partir de pratiques sociales et agricoles plus anciennes, transformées : So Far a pour origine les systèmes d’entraide très présents dans les zones rurales avant l’industrialisation de l’agriculture et l’émergence du système de santé publique, mais il intègre bien la nouvelle multifonctionnalité de l’agriculture.


Plus largement, il s’agit d’une forme d’innovation qui s’inscrit dans une démarche de transformation de l’économie.


Notre économie classique est productiviste et concurrentielle, dans un monde globalisé. Son mot d’ordre : intensifier la productivité pour gagner des marchés, que ce soit à l’échelle individuelle ou collective.
Intensifier la productivité quel qu’en soir le cout : le cout environnemental d’abord , puisque dans l’ensemble on ne le paie pas, on le laisse ce soin (dans le meilleur des cas) à l’intervention publique...Ce ne sont pas les producteurs de chimie toxique pour les abeilles qui seront responsables la disparition d’ essaims d’abeilles assurant la reproduction de toutes les plantes à fleurs et des fruits. Ce ne sont pas les producteurs de pesticides qui assumeront la disparition de certaines espèces de poissons, ou la morbidité des jeunes et adultes antillais, causée par le chloredecone utilisé pour les bananiers. Ce sera , dans le meilleur des cas, la puissance publique, bien tard...
Intensifier la production, quelqu’en soit le coût social ensuite : Ce ne sont pas -en tous cas pas encore- les gouvernements européens au 1 er titre duquel la France- qui assumeront certaines pénurie alimentaires mondiales liées à disparition de l’autoproduction locale, et au dumping exercé par la PAC...
Ce ne sont pas les décideurs Français (collectivités ou entrepreneurs etc) qui vont se sentir responsables de la mise à l’écart des "perdants" : RMIstes, travailleurs pauvres, Pers Handicapées ou malades… qui tendent à être exclues non seulement de la distribution de richesses mais aussi du lien social...
Tant il est vrai que notre système de croissance économique ne tient compte que des activité à flux monétaire, sans se demander si ces activités peuvent être nuisibles, socialement ou au plan de l’environnement.
On comptabilise dans le PIB les frais de dépollution et les soins médicaux en cas de catastrophe. Mais à l’inverse les activités bénévoles ne sont pas comptées....
Ce que l’on a tendance à oublier, et que rappelle fort bien à mon sens le projet So Far, c’est que les formes d’économies sont plurielles. Les formes d’économies sont plurielles, même chez nous , mais on ne le voit pas . La monétarisation de l’économie, sa transformation en une sphère autonome, hypertophiée, est récente au regard de l’histoire !. L’économie domestique, celle qui permet aux êtres humains et à la sociéte de se reproduire (en élèvant des enfants par ex,) est très importante, et essentiellement "bénévole". Ce sont ces formes d’économies plurielles que remet à l’ordre du jour le projet So Far...L’économie Sociale et Solidaire, dont relève l’agriculture sociale, contribue à "réencastrer" l’économie dans le lien social, contribue à la cohésion sociale, au lieu de rentrer en concurrence avec elle comme le fait l’économie marchande.

Le projet So Far s’inscrit dans une vision où l’activité économique est au service des êtres humains et l’action sociale est intégrée aux autres activités.

Les effets positifs/aux personnes en difficulté, de l’agriculture sociale bien décrits dans vos travaux : qu’il s’agisse des effets physiologiques (santé physique, motricité, rythmes du jour et de la nuit…), des effets psychologiques tels que l’ estime de soi, responsabilité, enthousiasme…ou des effets sociaux tels que les relations, intégration dans le groupe…
Les effets sur l’emploi, sur la diversification des activités, et sur les revenus également.
Pour la société, la valeur ajoutée sociale est manifeste puisque l’insertion est bien meilleure lorsqu’elle se déroule en milieu « ordinaire ».
Il y a aussi certainement une valeur ajoutée économique, le coût pour les budgets sociaux étant sans doute moindre. Des recherches sur cette question mériteraient d’être conduites.

La qualité du travail en cours mérite d’être saluée :
- Les différents niveaux sont bien articulés ( le local pour l’expérimentation, l’ Europe pour les financements, la réglementation, et l’échange d’expériences
-la méthode est claire (un diagnostic, des enjeux définis, une programmation d’actions en cours)
-et il y a un travail en réseau coopératif - c’est évidement essentiel- dans les différents pays de l’Union

En conclusion je voudrais évoquer quelques pistes de collaboration avec la Région R. Alpes

 D’abord, je rappelle que la région, par le biais de ma délégation politique de la ville , soutiens financièrement des projets d’agriculture sociale (ex : jardins de cocagnes) s’ils sont présentés dans le cadre de territoires en CUCS

 Ensuite, je vous informe que nous nous tenons prêts à transmettre d’autres propositions de votre réseau aux élus délégués à l’agriculture et à l’économie, notamment l’économie sociale et solidaire, pour examiner les possibilités de soutien aux projets.

 Enfin, nous nous proposons d’appuyer et de relayer auprès de l’Union européenne les propositions du groupe,

 Et plus généralement, de faire connaître et reconnaître l’agriculture sociale. L’engagement que j’ ai pris, avec les services, de financer un film, va dans ce sens. (C’est en cours d’instruction.)

Vous connaissez ? Il n’y a pas d’économies (au sens large) sans monnaie, et Sol est la monnaie de l’économie Sociale et Solidaire.
Sol est soutenue par la région RA et L’Europe.
La monnaie Sol (à carte) a l’ambition de valoriser des richesses que l’économie habituelle ne prend pas en compte : ex un engagement citoyen au sein d’une association,... et tout ce type d’ activités solidaires et citoyennes qui ne sont pas reconnues par le système monétaire officiel, mais qui sont cependant essentielles au fonctionnement de notre société..
.Rhône Alpes est la 4éme région de France à s’engager dans un projet SOL. Grenoble est le Premier site de la région. Ce type d’expérience existe déjà en Allemagne et en Italie.
Peut être une piste à creuser pour vous, si ce n’est fait.

Je vous remercie !
Bonne journée

M.O.Novelli