Communiqué de Marie-Odile Novelli 17/4/09

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

DU PLAN DE RELANCE DES BANLIEUES
AU PLAN DE RETRAIT DES QUARTIERS

-

DU PLAN DE RELANCE DES BANLIEUES
AU PLAN DE RETRAIT DES QUARTIERS

Sous couvert de "concertation"-express, l’Etat risque de démanteler la politique de la ville. Il faut maintenir les Contrats Urbains de Cohésion sociale.


Après avoir annoncé un Plan Marshall des banlieues en 2007, succédant aux émeutes qui avaient frappé les esprits un an et demi auparavant, Nicolas Sarkozy semble organiser en catimini le démantèlement de la politique de la ville.


La politique de la ville résulte de l’intervention conjointe de multiples partenaires dans le cadre des Contrats Urbains de Cohésion Sociale (CUCS), signés au moins pour trois ans et "renouvelables" après évaluation. La région Rhone Alpes ainsi que la plupart des partenaires s’était engagée pour 6 ans (2007-2012) comme pour les précedents contrats de ville. Il faut en effet du temps aux partenariats pour se mettre en place et aux actions pour se déployer, d’autant qu’un certain nombre d’équipes municipales ont été renouvelées. [
]
Las, l’Etat considère que les CUCS arrivent déjà à échéance définitive, et ne laisse même pas 3 années aux territoires pour mener leurs politiques et leurs propres évaluations !
Les prefets ont ordre de faire remonter les "concertations" des territoires qui s’amorcent ce mois ci, avant le 15 Mai ! Cette" concertation" - express est engagée par Fadéla Amara sur la base d’un Livre Vert qui évoque de multiples hypothèses, dont un grand nombre pose problème.


Le Livre Vert évoque notamment la possible fin du partenariat. Le principe d’un contrat entre tous les acteurs locaux, qui reunissent leurs forces et leurs moyens pour agir face aux problèmes des quartiers serait abandonné. A la place, les collectivités pourraient répondre à des appels à projet. Ainsi, les collectivités seraient mises en concurrence et ne bénéficieraient de crédits seulement celles qui sont le mieux organisées.


Autre hypothèse, les agglomérations qui ont un petit nombre de quartiers en difficulté se débrouilleraient pour organiser elle même, sans l’ Etat, la solidarité. Mais à l’heure où les communes sont frappées de difficultés financières, que pèsera la "vertu" sociale et coopérative ?


Enfin, depuis des mois le gouvernement évoque une réduction drastique de la géographie de la politique de la ville, à environ 200 quartiers à l’échelle nationale, soit moins que le nombre de quartiers actuellement concernés en Rhône-Alpes. En conséquence, les moyens financiers consacrés à la politique de la ville seraient diminués, sous couvert de priorisation et de "mobilisation du droit commun" -c’est à dire les politiques publiques "ordinaires" de l’ Etat (police, éducation, culture...) mais aussi des communes, régions, départements, CAF...parfois moins mobilisées dans les quartiers qu’ailleurs. Mais l ’Etat, s’il est prompt à envisager de faire payer les autres collectivités, ne prévoit pas de suivi ni de majoration de ses propres engagements.
Ce qui disparait, avec le recentrage drastique annoncé, c’est toute une série d’interventions "préventive" de veille dans les quartiers fragiles au profit d’une vision purement "curative" de la politique de la ville centrée sur quelques quartiers victimes de très grosses difficultés.


A une époque où le chômage et les difficultés de nos concitoyens augmentent, cette conception de la politique de la ville réduite à être les "pompiers" des quartiers qui brûlent au lieu de prévenir les incendies est incompréhensible.

Pour les élus Verts, si la démarche des CUCS nécessite quelques ajustements - rechercher par exemple une approche intercommunale pour traiter les questions d’emploi ou de déplacements et promouvoir des modalités plus souples pour favoriser l’innovation ainsi qu’ une meilleure intégration du développement durable -, il ne faut surtout pas remettre en question la nature du contrat, partenariale, ni la notion de géographie suffisamment large pour prévenir les difficultés. Il est essentiel d’adapter les actions aux données locales et non de les décider depuis Paris. Aussi, la concertation doit-elle s’engager sur la base des évaluations et porter sur des ajustements pour des CUCS qui doivent être prolongés de trois ans.


Marie Odile NOVELLI, Vice Présidente du Conseil Régional Rhône Alpes déléguée à la politique de la Ville