Document de travail du Groupe ‘Décrochage scolaire’

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

ocument de travail du Groupe ‘Décrochage scolaire’
de la Commission Formations Initiales

Document de travail du Groupe ‘Décrochage scolaire’
de la Commission Formations Initiales

LE DECROCHAGE : définitions

Selon la MRIE, le décrochage scolaire est difficile à appréhender tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. S’agit-il d’une sortie du système scolaire avant la fin de la scolarité obligatoire ? Un absentéisme répété est-il considéré comme du décrochage ?

Problématique récente en France (début des années 90) comme problème social et institutionnel majeur interrogeant le fonctionnement et l’efficacité du système scolaire. Auparavant, il s’agissait de traiter la question de l’échec scolaire (ne pas confondre échec scolaire et décrochage).
Il s’agit de nos jours de détecter, au plus tôt, les difficultés d’apprentissage ou de comportement. Logique de prévention du décrochage, associée à la « peur » des jeunes décrocheurs.

Plus de 100 000 élèves, par an, quittent le système scolaire sans qualification. Dans l’académie de Grenoble, ils représentaient en 2000-2001, 2.2% des effectifs des lycées professionnels et O.6% des lycées généraux.

Pour Michèle Guigue, enseignante chercheuse, les décrocheurs sont des « jeunes qui ne sont pas sous obligation scolaire, qui commencent un cursus et l’interrompent avant la fin ».

Pour les enseignants du CLEPT, il n’y a pas de profil « type » du décrocheur, d’où la nécessité de tenir compte de la multiplicité des parcours personnels, de la diversité des situations individuelles où peuvent se combiner des difficultés scolaire, familiale et sociale. Le décrochage est un processus qui s’inscrit dans le temps et qui semble toucher, en priorité, les élèves de lycée professionnel (les garçons plutôt que les filles).

Quels sont les dispositifs institutionnels existant pour lutter contre le décrochage scolaire ?

Ce sont des dispositifs expérimentaux, se déclinant de manière très différente d’un territoire à l’autre : les dispositifs relais comme les classes relais (ayant pour objectif de préparer la rescolarisation des jeunes déscolarisés), l’alternance, les MFR, les écoles de production, les écoles de la 2° chance (dispositif labellisé par la Commission Européenne)…

Comment favoriser le raccrochage scolaire ?

. nécessité d’une approche individuelle et personnalisée, tout en réinscrivant le jeune dans un cadre collectif
. nécessité d’instaurer une relation de confiance, de respect et de reconnaissance mutuelle permettant de restaurer l’estime de soi du jeune (importance du monitorat ou du compagnonnage)
. miser sur l’éducabilité du jeune
. promouvoir un esprit de « co-production » avec les jeunes
. favoriser la transversalité et le décloisonnement disciplinaire

-ETAT DES LIEUX ET PROPOSITIONS

A notre surprise, nous avons constaté qu’il était difficile de dresser un état des lieux, dans nos deux académies, de la situation des élèves décrocheurs ou en cours de décrochage. Il n’existe pas de statistiques quantitatives et qualitatives. Certaines associations, comme La Bouture à Grenoble, possèdent une masse d’informations et de données, mais n’ont pas les ressources humaines pour les classer ou les analyser. D’autre part, les établissements hésitent à fournir des informations sur ce sujet, car elles peuvent véhiculer une « mauvaise » image de ces derniers.

PROPOSITION 1 – Aider à la constitution d’un observatoire régional du décrochage scolaire et recenser les structures existantes.
Partenaires : académies de Lyon et de Grenoble, MGIEN, association La Bouture, MRIE…

Il existe de nombreux dispositifs dans notre région, mais qui sont mal connus et inégalement répartis sur notre territoire. D’autre part, beaucoup d’établissements prennent des initiatives partielles et visant à prévenir ou réduire les risques de décrochage (actions de remédiation, soutien scolaire dans le Permis de Réussir…). Enfin les différents acteurs (responsables d’établissement, enseignants, associations…) travaillant sur le sujet se connaissent mal, se rencontrent peu pour échanger et s’informer sur leurs expériences. A ce cloisonnement, s’ajoutent dans notre région, les difficultés institutionnelles liées à l’existence de 2 académies qui ne traitent pas forcément la question du décrochage scolaire de la même manière.

PROPOSITION 2 – Faire connaître, se connaître, échanger, aider à l’émergence d’une « culture » commune autour de la question du « décrochage-racrochage scolaire ». Favoriser la transférabilité des expériences. Organisation d’un colloque régional annuel, édition d’un bulletin d’échanges…
Partenaires : académies, universités, MGIEN, La Bouture, Parents d’élèves…

PROPOSITION 3 – Recenser et analyser l’ensemble des actions proposées par les établissements dans le cadre du Permis de Réussir autour du « soutien scolaire « . Dégager les expériences réussies et informer les établissements sur ce qui marche.

En dehors du Permis de Réussir, les aides de la région s’orientent principalement vers l’académie de Lyon (via le financement de l’opération Espace Projet Personnalisé et du Lycée de la nouvelle chance à Villeurbanne), ainsi que le soutien du CLEPT (structure grenobloise reconnue par l’EN).
Pour toutes ces structures, le groupe de travail a constaté une très forte demande, en particulier de jeunes adultes « décrocheurs » désireux de réintégrer le système scolaire. Les moyens alloués par l’Etat ne permettent pas de répondre correctement à ces demandes et plusieurs centaines d’élèves restent sans solution dans nos deux académies (alors que les budgets des 2 MGI sont en baisse). Face à cette situation, les responsables de ces structures (MGI+CLEPT) attendent de la région un appui renforcé, d’autant qu’on pourrait étendre vers d’autres départements et d’autres lycées des expériences comme le Lycée de la nouvelle chance de Villeurbanne.

PROPOSITION 4 – Etablir une convention pluriannuelle avec les 2 MGI permettant d’inscrire dans un cadre contractuel l’appui financier de la région et de pérenniser les actions engagées.

PROPOSITION 5 – Etudier la faisabilité de créer dans chaque département de la région, un lycée de la nouvelle chance.
D’autre part, un besoin de formation des formateurs intervenant dans ces structures a été relevé par de nombreux participants. Il est absolument indispensable d’accompagner ces équipes sur le long terme, car dans le cas contraire, elles se sentent peu reconnues et s’épuisent. Des moyens humains sont nécessaires pour mettre en place ces formations. La Bouture (association grenobloise) reçoit de nombreuses demandes d’interventions extérieures qu’elle ne peut assurer. L’association est également très sollicitée par les parents (une centaine de demande d’informations par an). Face au décrochage de leurs enfants, les parents sont souvent désarmés et ne savent pas vers quelle structure se tourner.

PROPOSITION 6 – Soutenir financièrement La Bouture pour la création d’un poste dédié à la formation des formateurs et la supervision des équipes d’enseignants.

PROPOSITION 7 – Avec d’autres partenaires, financer une plaquette d’informations, à l’usage des parents, présentant les dispositifs et les structures susceptibles d’apporter une réponse à leurs questions.

PROPOSITION 8 – Aider les fédérations de Parents d’élèves à mettre en place des lieux d’écoute pour les parents confrontés au problème du décrochage scolaire

Enfin, d’autres questions ont été soulevées au cours de nos échanges : la question des primo arrivants, la question de l’illettrisme, ainsi que la difficile prise en compte par l’institution des problèmes psychologiques, parfois graves, des jeunes (voir à réfléchir sur ce sujet, en lien avec la commission « santé »).