DSK, le choc. Après la crise, quelle politique collective ?

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Au delà du choc engendré par l’arrestation de DSK, la question majeure reste : quel projet politique et quelle gouvernance demain pour La France ? Le capitalisme financier mondialisé qui se goinfre sans tenir compte des ressources humaines et naturelles planétaires, et le régime présidentiel à la Française, gouvernance d’un seul homme, sont disqualifiés.
L’arrestation de DSK, passé le sentiment d’incrédulité et le choc des premières minutes, confirment les fortes réserves qui m’ont toujours animée sur l’opportunité de sa candidature. Il y avait à mon avis tellement de sujets sur lesquels DSK pouvait être pris en flagrant délit de "non adéquation" aux symboles et projets requis pour être un président "de gauche" et écologiste aujourd’hui...

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Lundi 16 Mai.
Au delà du choc engendré par l’arrestation et l’incarcération de DSK, la question majeure reste : quel projet politique et quelle gouvernance demain pour la France ?

Le capitalisme financier mondialisé qui se goinfre sans tenir compte des ressources humaines et naturelles planétaires, et le régime présidentiel à la Française, gouvernance d’un seul homme, sont disqualifiés.

Je l’avoue, l’arrestation de DSK, passé le choc et le premier sentiment d’incrédulité le dimanche matin, et malgré l’empathie avec ses proches et avec les français qui le soutiennent, me renvoie aux fortes réserves qui m’ont toujours animée sur l’opportunité de sa candidature.
Je n’aborderai pas l’affaire DSK sous son jour judiciaire, me contentant aujourd’hui, comme Cécile Duflot de demander "la justice pour la jeune femme qui a porté plainte pour des faits qui, s’ils sont avérés, sont très graves, la justice pour Dominique Strauss-Kahn qui bénéficie de la présomption d’innocence".

Revenons à la question politique.
N’était - on pas encore en train de nous faire sortir une candidature à coups de sondages, lointaine et idéalisée, qui en plongeant dans l’arène du combat politique se prendrait de plein fouet les pieds dans le tapis de la réalité quotidienne française ?

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Il y avait tellement de sujets sur lesquels DSK pouvait être pris en flagrant délit de non adéquation aux symboles et projets requis pour être un président de gauche et écologiste aujourd’hui :
le fric, les réseaux de pouvoir, sa relation aux femmes, la facilité dans un monde aujourd’hui dur pour le peuple ordinaire, le dilettantisme, et même, bien que cela soit contestable et condamnable, sa "judéïté". Tout cela en faisait une cible à agresseurs potentiels multiples, où l’extrême gauche côtoyait le FN et l’ UMP.


Et puis, il faut bien le dire, tout cela est tellement en concordance avec un positionnement politique capitaliste et financier inégalitaire et prédateur, adepte de la "démesure", selon le terme du philosophe Patrick Viveret ! Choisir comme candidat l’incarnation de la financiarisation- fût- elle un peu régulée- de l’économie, quelle provocation pour la majorité de français modestes ou pauvres, pour les militants écologistes de la sobriété et pour la Gauche, la vraie, après la crise financière de 2008 !

Mais il y a plus : nous vivons en France sur le mythe du Président = Homme providentiel. Est - ce raisonnable ?
Va - t-on encore longtemps laisser croire qu’en France, nous ne devons notre salut qu’à un seul Homme ? Que ce n’est pas ensemble, à la fois avec une équipe ministérielle et les compétences des Français en activité, rémunérée ou bénévole, qu’on construit un avenir ?
Après la Sarkomania, nous avons échappé à la Straus-Kahn- Mania. Gageons qu’elle aurait tout autant déçu.


Alors, au delà de la crise, essayons de tirer quelques enseignements et pistes d’action :
Je pense qu’il faut aujourd’hui
-d’abord, refuser de se laisser confisquer le choix de l’ avenir par un système électoral qui nous mène droit dans le mur : assez de faux choix entre l’homme fort de l’UMP, le/ la chouchou des sondeurs pour le PS, et / ou la fille Lepen. Dans le meilleur des cas, ce (cette) "président"(e) ne représenterait au 1er tour qu’un peu plus de 20% des votants, soit, avec environ 50% d’abstention, guère plus de 10% du corps électoral. Arrétons ! Exigeons plus de représentation proportionnelle .
- ensuite, il nous faut avoir des débats sur des programmes politiques d’abord :
la (re)distribution des revenus, la fiscalité et l’endettement, les conséquences de la dégradation de l’écosystème planétaire et ses palliatifs, la question du travail pour les différentes générations, l’éducation, et la solidarité de notre société.
Ces questions peuvent être mieux traitées, comme en attestent nos voisins du Nord. Ce n’est pas que nous manquions de talent pour le faire, mais nous sommes face à un blocage institutionnel et politique qui ne nous permet pas de cumuler les talents.

Refusons de voir gaspillés et non utilisés les capacités, richesses -au sens de Viveret- de la société française.
Parions que sur des objectifs concrets nous pouvons rassembler une assez large majorité, plus large que celle d’un seul parti. Travaillons à cela !

Changeons, pour finir, cette Constitution qui place l’égo ou la personnalité d’un homme au centre de la chose Publique (de la République) en lieu et place des objectifs politiques utiles pour la France et à partager.
La campagne ne devrait pas faire l’impasse sur ce sujet. Il est temps encore. Mais il faut une conversion des mentalités à gauche et plus particulièrement du côté du PS, que le système constitutionnel et électoral place en première responsabilité.


Marie Odile Novelli