EUROPEENNES : ELECTION 9 JUIN 2024

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Programmes et Professions de foi des principaux candidats " europhiles" (de gauche, écologistes, et/ du centre/droit) et qui en principe devraient atteindre la barre des 5% , requise pour être élus, sachant qu’il n’y a qu’un seul tour...En résumé : j’ai retenu les listes Marie Toussaint et les Ecologistes (EELV) ; Raphaël Glucksmann -liste Parti socialiste (PS)/Place publique (PP)- ;Valérie Hayer et de Renaissance- et Manon Aubry et de La France insoumise (LFI)

voir notamment le site
https://www.touteleurope.eu/dossier/elections-europeennes-2024/
( les Professions de foi des principaux candidats europhiles sont à retrouver à la fin)- l_
Il s’agit de résumées, les programmes étant souvent très denses (170 pages pour M Toussaint !)- Il est également interessant de regarder les 6 interviews approfondis de France inter les lundis mardis et mercredi matin 3-5 juin et de la semaine précedente en replay (ou videos sur youtube, ex : https://youtu.be/iE7mfeXFt8c?si=4qyek3n-0FV9xmYJ)

Publié le 17.05.2024 - Arthur Olivier
Elections européennes 2024 : le programme de Marie Toussaint et des Ecologistes (EELV)
Présentation :
Membre du parti Les Ecologistes - Europe Ecologie Les Verts, Marie Toussaint est co-fondatrice de l’association "Notre affaire à tous", à l’origine de la campagne "L’Affaire du siècle". Elue députée au Parlement européen en 2019, elle assure la vice-présidence du groupe des Verts/Alliance libre européenne. En vue des prochaines élections européennes en juin, elle a été désignée tête de liste des Ecologistes - Europe Ecologie Les Verts (EELV).

Pour le scrutin du 9 juin, les Ecologistes veulent à la fois “sauver le climat et faire face à l’urgence sociale”. Voici les principaux éléments du programme européen des Verts, défendu par leur tête de liste Marie Toussaint.

“Sauver le climat et faire face à l’urgence sociale avec un Etat providence écologique européen”. Voici comment les Ecologistes résument leurs ambitions pour les élections européennes du 9 juin prochain. Mené par Marie Toussaint, Europe Ecologie Les Verts (EELV) a dévoilé son socle programmatique au début du mois de mai. Long de 171 pages et structuré en 8 chapitres, on vous en résume l’essentiel.
Adopter un Traité environnemental européen
Première priorité selon Marie Toussaint, adopter un Traité environnemental afin d’inscrire tout en haut des normes de l’Union européenne “une obligation générale de protection du climat et de non-dépassement des limites planétaires”.
Ce nouveau traité comprendrait un plafonnement des empreintes écologiques des Etats membres ainsi qu’un “système de protection sociale” pour lutter contre la pauvreté énergétique et la privation alimentaire. Il pourrait aussi octroyer un statut juridique au “vivant”, donnant le droit aux écosystèmes de “pouvoir se renouveler à un rythme naturel”.
“Construire une économie de la bifurcation écologique et sociale”
Les Ecologistes appellent à un “acte II de l’Europe économique” et veulent un Pacte vert 2.0, “permettant d’engager les sommes nécessaires pour accélérer la transition, revivifier nos territoires, créer des millions d’emplois et garantir notre souveraineté”. Remettant en question les nouvelles règles du Pacte de stabilité et de croissance, EELV entend doubler les investissements publics européens des Etats membres pour les porter à 260 milliards d’euros par an.
Adossé à la Banque européenne d’investissement (BEI), un “Fonds de souveraineté écologique” doit permettre de reprendre le contrôle des entreprises fossiles les plus polluantes. Un instrument notamment destiné à atteindre un objectif fixé par les Verts : 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2040.

Un droit de veto social
De manière générale, EELV a musclé sa jambe sociale. Le parti propose par exemple d’appliquer un “droit de veto social”, selon lequel toute nouvelle législation de l’UE devra faire l’objet d’une étude d’impact pour qu’aucune mesure ne porte atteinte aux conditions d’existence des 10 à 20 % d’Européens les plus pauvres. Un texte pourrait ainsi être bloqué au cours de son cheminement législatif, avec saisine d’un organe indépendant créé à cet effet.
Marie Toussaint et ses 80 colistiers comptent par ailleurs baisser la TVA sur les produits “verts” fabriqués en Europe, ce qui nécessiterait l’unanimité des Etats membres dans le cadre actuel des traités. Ils souhaitent également mettre en place un revenu européen de formation pour les jeunes de 18 à 25 ans, et rendre contraignant le socle européen des droits sociaux. Adopté en 2017, ce dernier comporte 20 principes concernant l’égalité des chances, les salaires ou encore l’aide à l’enfance.

Repenser le travail
Quel avenir pour le travail dans le monde de la transition écologique ? Dans une section intitulée “Accompagner les mutations du travail”, les Ecologistes proposent par exemple de limiter les écarts de salaires de 1 à 20 au sein des entreprises européennes.
Le programme de Marie Toussaint promet d’encadrer le travail par fortes chaleurs et épisodes météorologiques extrêmes au niveau européen. Il prévoit aussi une “garantie à l’emploi vert”, faisant des Etats les employeurs en dernier ressort de celles et ceux qui sont durablement privés d’emploi.
“Agir pour le vivant”
Le chapitre consacré au “vivant” propose d’augmenter les investissements pour une meilleure protection de la nature. Les écologistes plaident pour un projet de grande envergure : “donner naissance à une forêt primaire en Europe de l’Ouest” afin d’améliorer la biodiversité et la captation des émissions de CO2.
Parmi les autres mesures, notons la mise en place d’objectifs contraignants de restauration des sols, l’interdiction de toute activité industrielle dans les aires marines protégées et la fin des coupes rases en forêt. Le volet “bien-être animal” du programme écologiste promet aussi la création d’un poste de commissaire européen à la Condition animale et d’interdire l’élevage des animaux à fourrure.

Agriculture et pêche
Marie Toussaint promeut une politique agricole commune (PAC) “plus verte, plus juste et pourvoyeuse d’emplois qui rémunère les travailleurs plutôt que les hectares”. Aujourd’hui, une partie des financements directs aux agriculteurs via la PAC consiste en effet en un paiement selon la surface de l’exploitation. Les Ecologistes comptent par ailleurs réintroduire une régulation des prix pour permettre aux paysans de “vivre dignement de leur travail”. Ils souhaitent en outre réduire l’utilisation des pesticides comme celle des engrais de synthèse d’au moins 50 % d’ici 2030.
Et pour la pêche ? Le parti veut par exemple “mettre fin à toutes les aides publiques subventionnant une pêche destructrice” et “interdire les fermes-usines à poissons”.
Quatre priorités pour la santé
En plus d’un service public européen du médicament, adossé “à des relocalisations stratégiques”, les Ecologistes fixent quatre priorités sanitaires. Il s’agit d’investir pour la santé mentale, de “casser les barrières entravant la santé des femmes”, de lutter contre les discriminations et de mieux prendre en compte les besoins des personnes handicapées.
Dans une perspective d’améliorer la “santé environnementale”, les Verts promettent de “sortir de la civilisation des toxiques” et d’aligner les normes européennes avec celles de l’OMS a minima, en particulier sur la qualité de l’air.
De nouveaux droits et libertés
Les Ecologistes défendent l’inscription du droit à l’avortement et à la contraception dans la Charte européenne des droits fondamentaux, une mesure qui nécessiterait l’unanimité des Etats membres.
Marie Toussaint veut également, entre autres, “assurer la liberté de circulation sans perte de droits pour les personnes LGBTQIA+”, adopter une directive contre toutes les formes de discriminations et garantir aux Européens le “droit de ne pas être traqués en ligne”.
Quelles institutions pour quelle Union européenne ?
D’inspiration très fédéraliste, le programme des Ecologistes propose de mettre en place une assemblée constituante à l’issue des élections de juin “pour réviser les traités et aboutir à une proposition de Constitution européenne”. On y trouverait par exemple des listes transnationales pour les élections européennes, ou encore un droit d’initiative législative pour les eurodéputés (pour l’instant entre les mains de la Commission européenne).
Cette transformation de l’UE est jugée “nécessaire” pour accueillir de nouveaux Etats membres. Neuf pays sont aujourd’hui officiellement candidats à l’adhésion à l’Union. Les Verts se positionnent en faveur de l’élargissement de l’UE, tant qu’elle est capable de prendre des décisions.
L’unanimité des Etats est pointée du doigt par les écologistes : actuellement requise pour certaines politiques (fiscalité, politique étrangère…), elle est ainsi accusée de ralentir le processus de décision européen. Différentes mesures de transparence des institutions européennes et de lutte contre les lobbies figurent également dans ce programme.
Asile, migrations et diplomatie
Dénonçant un “renforcement de l’Europe-forteresse”, Marie Toussaint et ses colistiers comptent rouvrir le dossier du Pacte asile et migration, récemment adopté par l’Union européenne. Ils souhaitent “construire un système d’asile qui respecte pleinement la Convention de Genève, notamment le principe de non-refoulement”, et renforcer la solidarité d’accueil entre les Etats membres. Les écologistes entendent aussi faire reconnaître le statut de “réfugié climatique”.
Enfin, sur les questions diplomatiques, Marie Toussaint veut “renforcer le soutien diplomatique, financier et militaire” à l’Ukraine et défend un cessez-le-feu “permanent et inconditionnel” à Gaza.


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Elections européennes 2024 : le programme de Raphaël Glucksmann et de la liste Parti socialiste (PS)/Place publique (PP)
Publié le 24.05.2024 Valentin Ledroit
Ecrivain et homme politique français, Raphaël Glucksmann a fondé le parti Place publique (PP, gauche) en 2018. A la tête d’une liste commune avec le Parti socialiste (PS), il est élu député européen en 2019. En vue des prochaines élections européennes en juin, il est à nouveau désigné tête de liste de Place publique (PP), allié au Parti socialiste (PS).

“Il est des moments dans l’Histoire où bascule le destin des peuples, des moments qui élèvent les civilisations ou les précipitent dans l’abîme. Nous vivons l’un de ces moments décisifs en Europe en 2024”, explique Raphaël Glucksmann en préambule du programme de la liste qu’il mène pour les élections européennes.
Le 15 mai dernier, le chef de file de la liste d’alliance entre le Parti socialiste et sa formation Place publique a dévoilé 338 mesures qui placent l’écologie et la défense européenne au centre du débat. Alors que le contexte “exige des transformations radicales”, Raphaël Glucksmann appelle de ses vœux une “Europe puissante” et une “révolution écologique européenne”.
Réarmer l’Ukraine et l’Europe
C’est au conflit en Ukraine que les sociaux-démocrates consacrent la première des 44 pages de leur programme. “La première priorité c’est de donner à l’Europe les moyens de se défendre”, ce qui passe par Kiev, “notre première ligne de défense”, écrivent-ils. La liste “Réveiller l’Europe” veut utiliser la totalité des 206 milliards d’avoirs publics russes gelés dans les banques pour continuer à financer la résistance ukrainienne. Et pas uniquement les intérêts générés par ces derniers, comme l’ont validé les Vingt-Sept le 21 mai dernier.
A plus long terme, Raphaël Glucksmann entend mettre l’accent sur le réarmement du continent. Il vise la création d’un fonds européen de défense de 100 milliards pour financer les industries de défense. S’il existe déjà un Fonds européen de défense (FED), ce dernier reste modeste (7,9 milliards d’euros) et circonscrit à certaines dépenses. Pour financer ce nouvel instrument, l’Union européenne pourrait recourir à un nouvel emprunt commun sur le modèle du plan de relance européen, indique le programme.

Favoriser le “made in Europe”
Outre la défense, Raphaël Glucksmann désigne deux autres secteurs stratégiques : l’industrie de la transition écologique et le numérique. Dans ces trois domaines, il souhaite la mise en place d’un Buy European Act (Loi “acheter européen”). Autrement dit : réserver la commande publique (et les autres formes de soutien public) en priorité aux producteurs européens afin notamment de rapatrier les industries stratégiques sur le Vieux Continent.
Pour une “phase 2” du Pacte vert
Des 7 chapitres que compte le programme, celui sur l’écologie est le plus fourni avec 90 mesures. Raphaël Glucksmann explique ne pas vouloir “céder à l’assaut politique et culturel lancé par la droite et l’extrême-droite contre l’écologie” et vouloir défendre “chaque texte d’un Pacte vert qui est devenu le bouc émissaire de tous les problèmes”. Il appelle à une “phase 2” dans la mise en œuvre de la feuille de route environnementale européenne.

Pour le candidat de centre gauche, la “révolution énergétique” est aussi un “impératif sécuritaire” face au pouvoir des pétromonarchies du Golfe et à Vladimir Poutine. Il entend ainsi investir massivement dans les énergies renouvelables “afin qu’elles représentent au moins 45 % du bouquet énergétique de l’UE en 2030 et 75 % en 2040″. En parallèle, le Parti socialiste et Place publique visent la “sortie du charbon (2030), du gaz fossile (2035) et du pétrole (2045) […] en conservant une part de nucléaire comme une énergie de transition”. L’alliance souhaite par exemple la mise en place d’un grand plan de rénovation énergétique des bâtiments, notamment de l’ensemble des écoles européennes d’ici 2030.
Le programme plaide également en faveur d’un ticket climat pour rendre les tarifs du train plus attractifs. Une mesure qui pourrait être financée par une taxe sur le kérosène des avions. Le conséquent chapitre met aussi en lumière de nombreuses propositions en faveur de la protection des océans, de la biodiversité et du bien-être animal.
Investir massivement dans le logement social
Traditionnelle clé de voûte des programmes du PS, la question sociale arrive en troisième position. Pour Raphaël Glucksmann, le projet européen ne tient pas “sans justice et cohésion sociale” et notamment une “offre de logement abordable et durable”. Concrètement, l’investissement massif dans le logement social est l’une des mesures visant à sortir les 800 000 sans-abris européens de la rue d’ici 2030.
Autre priorité sociale avancée par le candidat : faire baisser les factures des ménages, des PME et des collectivités. “Réveiller l’Europe” ambitionne de réformer le marché européen de l’électricité pour garantir des “prix réglementés, stables et raisonnables”. Dans la même optique, la liste souhaite renforcer les moyens du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) , qui finance par exemple les Restos du Cœur et le Secours populaire, pour lutter contre la précarité alimentaire.
Pour défendre “les travailleurs”, le Parti socialiste et Place publique entendent aussi mettre en place une “garantie européenne pour l’emploi” pour les chômeurs de longue durée et interdire “les écarts de salaires supérieurs à 20 dans une même entreprise”.

Si la liste présente de nouvelles dépenses, elle suggère également de nouvelles sources de revenus. Elle propose un impôt européen sur les grandes fortunes pour financer la transition climatique et sociale, projet par ailleurs porté par l’eurodéputée sortante et 4e de liste Aurore Lalucq ainsi que plusieurs soutiens à travers une initiative citoyenne européenne baptisée “Tax the Rich”.

Outre les ultrariches, la liste veut taxer les “superprofits des multinationales et des profiteurs de guerre”. Ces nouvelles ressources propres permettraient d’ ”outiller l’Union européenne” en portant son budget à 5 % du PIB des Etats membres, contre environ 1 % actuellement.
Mettre fin au droit de veto des Etats membres
Raphaël Glucksmann et les socialistes y vont également de leurs réformes institutionnelles. A commencer par la fin du droit de véto des Etats membres au Conseil de l’Union européenne. Aujourd’hui, l’unanimité reste requise sur certains sujets comme la politique étrangère, la défense ou la fiscalité.
Le programme évoque également la possibilité pour le Parlement européen de proposer des “lois” européennes. Actuellement, le pouvoir d’initiative législative est exclusivement réservé à la Commission européenne.
En matière d’élargissement enfin, “Réveiller l’Europe” plaide pour un “grand traité de réunification du continent européen” en 2030. Un texte qui constituerait une “avancée fédérale et de démocratisation de l’Union européenne”. Et qui s’accompagnerait d’une transformation de “notre Union, ses institutions comme ses politiques structurelles”.
Pour une “Europe féministe” et humaniste
Pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, le programme des socialistes met en avant une mesure phare : l’introduction d’une “clause de l’Européenne la plus favorisée”. Jadis portée par Gisèle Halimi, l’idée est que chaque Européenne puisse bénéficier des législations les plus progressistes en matière de lutte contre les violences sexuelles et sexistes ou d’égalité salariale, quel que soit son Etat de résidence. Raphaël Glucksmann veut également inscrire l’IVG et la contraception dans la Charte des droits fondamentaux.
Sur l’immigration, le candidat social-démocrate prône un “devoir de sauver” et plaide pour une relance des opérations de sauvetage en mer Méditerranée. Il veut mettre fin aux accords d’externalisation des politiques migratoires avec les Etats tiers. Ces dernières années, l’Union européenne a signé des accords avec plusieurs pays comme la Turquie, la Tunisie ou l’Egypte pour freiner les départs de migrants vers son territoire.
Transformer la politique agricole commune, investir dans la culture
En matière agricole, la liste d’alliance ambitionne de transformer la politique agricole commune (PAC) en “politique agricole et alimentaire commune”. Le mode d’attribution des subventions européennes aux agriculteurs dépendrait plus fortement de mesures environnementales ou liées à l’emploi afin d’aider les agriculteurs “dans leur transition agroécologique”.
Ces aides seraient par ailleurs plafonnées à l’hectare et réorientées vers “les petites exploitations, l’installation des jeunes, la filière bio”. Le revenu des agriculteurs serait garanti par la mise en place de “prix planchers” et l’exclusion de l’agriculture des accords de libre-échange.

Enfin, le programme prévoit plusieurs mesures en matière de politique culturelle, comme le doublement du budget alloué au programme Europe Créative “pour qu’il atteigne 800 millions d’euros par an”. Ainsi qu’en faveur de la jeunesse, avec la mise en place notamment d’une “allocation d’autonomie” pour les 15-25 ans.


Elections européennes 2024 : le programme de Manon Aubry et de La France insoumise (LFI)
Publié le 14.05.2024 - Arthur Olivier
Aujourd’hui membre de La France insoumise (LFI), Manon Aubry a été porte-parole de l’ONG Oxfam en France. Elle a été élue au Parlement européen en 2019 au sein duquel elle assure la co-présidence du groupe de La Gauche (extrême gauche). Elle a été désignée tête de liste de LFI aux prochaines élections européennes en juin.

Le mot d’ordre de La France insoumise (LFI) à l’occasion de ces élections européennes : faire “l’Union populaire” pour “tout changer” sur le Vieux Continent. Le mouvement de gauche radicale a présenté son programme mi-avril. Il contient 485 mesures, réparties en 9 chapitres thématiques. “Nous allons au Parlement européen pour mener des combats concrets”, préviennent Manon Aubry et ses 80 colistiers.
“Sortir de l’austérité et partager les richesses”
Fil rouge de ce programme, la question sociale revient souvent dans les propositions des Insoumis. Dans le premier chapitre, intitulé “sortir de l’austérité et partager les richesses”, LFI promet d’abroger le Pacte de stabilité et de croissance, c’est-à-dire les règles budgétaires européennes exigeant des Etats de limiter le déficit à 3 % et la dette à 60 % du PIB. Le parti veut également lancer un “plan européen d’investissement public” contre la pauvreté et pour la “bifurcation écologique et sociale”.
Côté fiscalité, Manon Aubry et ses camarades entendent établir une taxe permanente sur les superprofits des entreprises et “adopter un impôt sur la fortune européen”. Ils veulent aussi une directive européenne pour une allocation d’autonomie accessible aux jeunes de moins de 25 ans, sortir du marché européen de l’électricité et étoffer la liste noire des paradis fiscaux avec des pays européens.
Contre “le dumping social”
Trois grands thèmes sont abordés dans un second chapitre consacré à la lutte contre “le dumping social” en Europe. Le programme de Manon Aubry entend d’abord “renforcer les droits des travailleurs”. Fustigeant le statut de “travail détaché”, LFI souhaite par exemple réformer la directive sur le temps de travail pour réduire la durée maximale hebdomadaire autorisée dans l’UE.
Les Insoumis portent également une attention particulière aux territoires ultramarins. Ils entendent défendre les dérogations et les politiques spécifiques favorisant le développement de l’outre-mer. Une proposition qui va de pair avec la troisième et dernière partie de ce chapitre : “renforcer la politique de cohésion”.

“Planification écologique européenne”
Dans une partie consacrée à la “planification écologique européenne”, Manon Aubry propose d’atteindre la neutralité carbone en 2040 et de rehausser l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à au moins 70 % d’ici 2030. Aujourd’hui, l’UE vise la neutralité carbone en 2050 et une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990.
LFI soumet aussi l’idée de rompre avec le marché carbone européen et de s’orienter vers un mix énergétique 100 % renouvelable d’ici le milieu du siècle.
Agriculture et biodiversité
Elément clé de la construction européenne, la politique agricole commune (PAC) représente plus d’un tiers du budget de l’UE. Dans ce domaine, le parti compte “défendre le budget global” de la PAC et en “renforcer les conditionnalités écologiques, sociales et de bien-être animal”.
Le programme du mouvement de gauche radicale reprend plusieurs lois de l’UE déjà adoptées sous la mandature qui s’achève (2019-2024) afin d’en rehausser les ambitions. A l’image d’un règlement protégeant les forêts, entré en vigueur en juin 2023, qui interdit la commercialisation de produits issus de la déforestation. LFI propose d’en étendre le principe à tous les types d’écosystèmes dégradés.
Mettre fin aux accords de libre-échange
C’est l’une des priorités de La France insoumise. Manon Aubry et ses colistiers souhaitent “bloquer l’ensemble des accords de libre-échange en cours de négociation, de signature, ou de renouvellement et abroger ceux en vigueur”.
Aujourd’hui, l’UE négocie, revoit ou est en passe de ratifier plusieurs accords commerciaux avec des pays comme l’Inde ou la Thaïlande. Le dernier accord de libre-échange entré en vigueur est celui avec la Nouvelle-Zélande, le 1er mai 2024.

Avortement, contraception et libertés
LFI défend l’inscription du droit à l’IVG et à la contraception dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Si la proposition d’ajouter le droit à l’avortement dans la charte a déjà été soutenue par le Parlement européen, une telle décision nécessite l’unanimité des Etats membres.
Plus largement, la liste de La France insoumise compte garantir les droits et les libertés publiques en Europe “contre les réactionnaires”. Un programme qui passe par “l’égalité des personnes LGBTI” (par exemple en termes de filiation), des “droits identiques” pour les personnes en situation de handicap, ou encore le combat contre “toutes les manifestations du racisme, notamment l’antisémitisme et l’islamophobie”, à travers plusieurs mesures.


Elections européennes 2024 : le programme de Valérie Hayer et de Renaissance
Publié le 17.05.2024 Boran Tobelem
Membre du parti Renaissance (ex-LREM), Valérie Hayer est élue au Parlement européen en 2019. Coordinatrice au sein de la commission des Budgets, elle travaille plus particulièrement sur la question des ressources propres de l’UE. Le 25 janvier 2024, elle est élue présidente du groupe Renew Europe. Quelques semaines plus tard, elle est désignée tête de liste de Renaissance avec le Mouvement démocrate (MoDem), Horizons et le Parti radical, en vue des prochaines élections européennes en juin.

“Avec l’Europe, la France est plus forte”, affirme la liste Besoin d’Europe dans son programme. Portée par Valérie Hayer, celle-ci rassemble le parti présidentiel Renaissance et ses alliés, à savoir le MoDem, Horizons, l’UDI et le Parti radical. 
Dévoilé le 6 mai, le programme de la liste est divisé en trois axes, répartis sur une quinzaine de pages : “Faire de l’Europe une puissance forte, sûre et indépendante”, “Faire de l’Europe une puissance écologique, économique et sociale” et “Défendre le modèle européen et nos valeurs”.
Montée en puissance de l’Europe de la défense, plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros pour compléter le Pacte vert, inscription de l’IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux… Besoin d’Europe défend 48 propositions, résolument inspirées du discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe prononcé à la Sorbonne, le 25 avril dernier.

Sept ans après son discours de la Sorbonne, Emmanuel Macron appelle à une Europe de “puissance”, “prospérité” et “humanisme”
“Faire de l’Europe une puissance forte, sûre et indépendante”
La liste de Valérie Hayer amorce le premier axe de son programme par la question de la défense. Pour “réussir le réarmement de l’Europe”, Besoin d’Europe propose notamment de créer un “Fonds européen de soutien aux industries de défense”. A ce jour, un Fonds européen de défense, doté d’un budget de 7,9 milliards d’euros pour la période 2021-2027, finance déjà des projets transnationaux dans ce domaine. Mais la majorité présidentielle désire porter cette ambition plus loin, avec 100 milliards d’euros d’investissement. Pour ce faire, la liste appelle notamment à mobiliser la Banque européenne d’investissement (BEI), le bras financier de l’UE.

Le programme vise aussi une augmentation des budgets de défense de tous les Etats membres à 2 % du PIB d’ici à 2025 et à 3 % d’ici à 2030. Il prévoit également la mise en place d’une Force de réaction rapide européenne “pour des missions d’urgence, l’évacuation de ressortissants ou encore la protection de nos routes maritimes”. Une initiative prévue par la “boussole stratégique”, feuille de route de la sécurité et de la défense européennes adoptée en 2022, mais qui n’a pas encore abouti.
La liste centriste avance également des propositions en matière d’énergie. A l’aide du nucléaire et des renouvelables, son objectif est de sortir des énergies fossiles avant 2050. Valérie Hayer et ses alliés prévoient à ce titre un triplement de la production d’énergie nucléaire d’ici-là. L’abandon de l’énergie russe est quant à lui prévu dès 2025. A l’heure actuelle, le plan européen REPowerEU, amorcé dans le sillage de la guerre en Ukraine, a fixé cette échéance à 2027.

L’énergie dans l’Union européenne
En matière de sécurité, Besoin d’Europe milite notamment pour la création d’un “Conseil de sécurité intérieure”. Une mesure explicitée par Emmanuel Macron à la Sorbonne en avril. Celle-ci consisterait à faire évoluer le “Conseil Schengen”, instance de pilotage de l’espace Schengen lancée en 2022, pour mieux coordonner l’action des pays de l’UE quant aux questions de sécurité.
Concernant les frontières enfin, le camp de la majorité présidentielle plaide pour une augmentation du nombre de garde-frontières et garde-côtes européens jusqu’à 30 000, pour “appuyer les Etats membres dans les contrôles et expulsions”. Visant un doublement des retours des migrants en situation irrégulière, jusqu’à 200 000 chaque année, la majorité présidentielle veut notamment négocier des accords avec leurs pays d’origine pour atteindre cet objectif. Dans le même temps, Valérie Hayer et ses alliés souhaitent octroyer 100 000 visas prioritaires pour les métiers en tension ainsi que pour les “talents étrangers (chercheurs et entrepreneurs)”.

Asile et migrations dans l’Union européenne
“Faire de l’Europe une puissance écologique, économique et sociale”
Dans ce volet du programme, la liste appelle à un grand plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros, intitulé “Plan Europe 2030″. Cinq secteurs sont concernés : l’énergie, les transports, le numérique, la santé et l’espace. Le plan a notamment vocation à compléter le Pacte vert, la feuille de route de l’UE pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Parmi les objectifs annoncés figurent la production de 10 millions de véhicules propres en Europe d’ici à 2030 et la création d’un avion vert européen, des capacités de calcul de rang mondial en matière de numérique, “un plan Marie Curie massif pour des vaccins et traitements européens” ou encore le lancement d’une mission lunaire européenne.
Pour financer les fonds publics du plan, un emprunt commun de long terme, “remboursé par de nouvelles ressources” (non précisées dans le programme), est proposé. L’investissement privé s’appuierait, lui, sur une “Union de l’épargne et de l’investissement” permettant “à l’épargne européenne d’être investie en Europe dans l’innovation et les transitions verte et numérique”. Un livret d’épargne européen, destiné à “orienter l’épargne réglementée vers l’investissement et la production”, compte également parmi les projets de la majorité présidentielle.
Au-delà du “Plan Europe 2030”, le programme fait part de plusieurs propositions en matière d’écologie. Comme une réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Soit la même cible qu’un projet de législation abandonné, en février dernier, par la Commission européenne face à l’opposition des eurodéputés de droite et d’extrême droite. La liste Besoin d’Europe désire aussi mettre en place un “Pacte bleu”, notamment pour protéger les fonds marins. Autre exemple de proposition environnementale : l’extension de la “taxe carbone” aux frontières de l’UE, le mécanisme d’ajustement carbone adopté en 2023, à de nouveaux secteurs tels que l’automobile.

La politique européenne de l’environnement et du climat
Les mesures relatives à l’agriculture sont également mentionnées dans cette partie du programme. Comme l’adoption d’un “Egalim européen”, du nom de cette loi française encadrant les relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire, afin d’assurer “des revenus dignes à nos agriculteurs”.
En ce qui concerne le commerce, la liste de Valérie Hayer se positionne en faveur d’un “bouclier commercial européen”. Celui-ci comprendrait la mise en place de tarifs douaniers “automatiques et massifs” face à ceux qui seraient imposés aux entreprises européennes. De même que des “règles miroirs” pour que les produits importés soient soumis aux mêmes règles que les entreprises et agriculteurs européens. Les négociations d’accords commerciaux avec les pays ne respectant pas les accords de Paris sur le climat et de Montreal sur la biodiversité seraient abandonnées. Ce qui impliquerait le rejet de l’accord actuel avec le Mercosur, selon le programme. Une “préférence européenne” (Buy European Act) pour conditionner les aides publiques et orienter l’attribution des marchés publics est aussi avancée.

“Défendre le modèle européen et nos valeurs”
Dans ce troisième et dernier axe du programme de la liste Besoin d’Europe, les grandes mesures édictées par Emmanuel Macron à la Sorbonne sont également reprises. A l’instar de l’inscription de l’IVG dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Une perspective qui a obtenu l’assentiment des eurodéputés, dans une résolution adoptée le 11 avril dernier. Sur les réseaux sociaux, la “majorité numérique à 15 ans”, déjà instaurée en France mais que le président appelle de ses vœux pour l’ensemble de l’UE, est également souhaitée.
Sur le plan institutionnel, la liste entend “rendre les institutions européennes plus efficaces et démocratiques”. Ce qui passerait notamment par une extension des domaines concernés par la prise de décision à la majorité qualifiée plutôt qu’à l’unanimité au Conseil de l’UE (“sanctions, fiscalité, Etat de droit”). Ou encore par l’attribution aux eurodéputés d’un pouvoir d’initiative législative, dont la Commission européenne détient aujourd’hui le monopole.

Qu’est-ce que la majorité qualifiée ?
En matière de démocratie, Valérie Hayer et ses colistiers soutiennent de nouveau le principe de listes transnationales aux élections européennes, une idée déjà portée par la liste de la majorité présidentielle en 2019. Pour éviter les ingérences étrangères en politique, ils défendent une interdiction des financements extra-européens des partis.
Concernant la culture, la liste propose notamment un Pass culture européen (sur le modèle du pass permettant aux jeunes Français d’accéder aux biens culturels, selon Emmanuel Macron en avril). Enfin, pour l’éducation et la jeunesse, elle souhaite le doublement des universités européennes (alliances d’établissements d’enseignement supérieur) de 50 à 100 d’ici à 2030 ou encore la création d’un “Pass Rail illimité”, pour faciliter l’accès des jeunes au train.