MENDES FRANCE : ETHIQUE, JUSTICE ET DÉMOCRATIE EN POLITIQUE
L’ éthique en politique semble un horizon peu accessible, et l’actualité politique à Meylan nous le rappelle encore ces jours ci . Peut- on concilier Ethique et exercice du pouvoir ? Pierre Mendès France est sur ce point éclairant.
On pourrait mettre en parallèle l’actualité politique de Meylan où je siège comme élue d’opposition * et l’éthique de PMF, comme miroir inversé. Ici le delit d’enrichissement personnel des époux Tardy en raison de favoritisme a été puni par la loi.
Mais nul besoin d’être condamné pour bafouer l’éthique : le président de la région Auvergne Rhône Alpes, Laurent Wauquiez, franchit régulièrement les lignes de l’éthique en bafouant l’honneur de ses opposants, mais sans franchir jamais celles de la loi, évitant ainsi le risque des condamnation pour diffamation : il s’agit de calibrer au plus juste les mensonges par omissions ( en omettant des faits explicatifs essentiels ). Diffamez, il en restera toujours quelque chose !
Je renvoie à différents articles écrits sur ce site et sur celui de l’association les Verts de Meylan. (Je retiens néanmoins que les deux recours que j’avais effectué au Tribunal administratif, ont eu quelque utilité pour parvenir à faire évoluer le règlement interieur du CM sous cette mandature et la précédente, en ce qui concerne les droits de l’opposition et l’abaissement du seuil des marchés publics pour l’examen en commissions d’appel d’offres). sur le sujet lire par ex sur ce site
http://www.vertsregion.org/spip.php?article1196 , ou http://www.vertsregion.org/spip.php?article1437 ainsi que les articles du site http://www.lesvertsdemeylan.asso.fr/site/ - mots clés affaire tardy, éthique et politique, .
* (voire celle - plus habile- du président de la région Auvergne Rhône Alpes : cf http://www.vertsregion.org/spip.php?article1438 et http://www.vertsregion.org/spip.php?article1418 )
PIERRE MENDES FRANCE, REVOLUTIONNAIRE ?
« La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée, tant qu’il reste des progrès à accomplir » nous dit Pierre Mendès France. Cet homme d’ Etat serait- il aujourd’hui discrédité, car trop audacieux ? ...
Pourquoi fait-on de la politique ? - Au sens large du terme-. En réalité, la raison majeure qui anime les "militants" de tous types, c’est d’abord la volonté d’améliorer le monde. Tous ne veulent pas être élus, mais parmi ceux qui veulent l’être, beaucoup veulent d’abord agir pour transformer la société.... La question qui se pose alors est celle- ci : peut-on concilier Ethique et exercice du Pouvoir ?
« La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée, tant qu’il reste des progrès à accomplir. » P. M. F.
(...) « Parce que la décision du pays ne saurait être fondée sur des affirmations tendancieuses et mensongères ; une politique fondée sur les facilités de la démagogie part de données fausses, elle est à l’opposé d’une politique réaliste, elle est à terme vouée à l’échec ».
P. M.F. *
Cette très belle définition de la République et de l’action politique surprend par la force de son exigence ancienne ; elle met, surtout, en lumière l’importance de nos renoncements successifs.
Aujourd’hui la "République" est un héritage commun que se disputent âprement les partis politiques : la Droite [qui s’est fait appeler "les Républicains"], la Gauche, et maintenant l’Extrême Droite -"nous sommes les seuls garants de la République"- affirme Madame Lepen... Aucun n’en a cependant la même définition.
La crise du Politique revêt plusieurs facettes : liée à l’ impuissance relative des Etats face au capitalisme mondial financiarisé, et à ses conséquences concrètes telles que la crise fiscale, la crise sociale et la crise écologique planétaire, elle est aussi une crise de la démocratie et de nos institutions.
Il nous manque à la fois une bonne compréhension des problèmes, et une bonne gouvernance démocratique, que la 5eme république française et européenne n’est plus à même d’assurer.
La compréhension des problèmes est certes une urgence. Mais ce qui manque le plus, ce n’est pas la production d’outils d’analyse pertinents, car ceux-ci existent : qu’il s’agisse des rapports stratégiques, de livres qui nous permettent de prendre du recul comme celui de Thomas Picketty sur le Capitalisme du 21ème siècle, ou d’ouvrages plus militants mais qui ont le merite de depolyer une vision d’ensemble cohérente comme le livre de Naomi Klein TOUT PEUT CHANGER,Capitalisme & changement climatique oule livre "La crise Fiscale qui vient" de Brigitte Alepin (ou même les interventions de Pascal Canfin et Eva Joly sur les paradis fiscaux)
Ce qui manque, c’est une explicitation des problèmes par les grands acteurs politiques, comme le souhaitait Pièrre Mendes France (voir infra).
On ne peut compter ni sur l’opposition de droite actuelle ni sur les sociaux démocrates français, ni sur les autres forces de gauche et écologistes [ pour des raisons qui tiennent à la fois à leur faiblesse électorale dans un système présidentiel et à leurs erreurs stratégiques, le choix du court termisme].  Si le FN progresse, c’est parce qu’il semble donner des gages sur ces deux plans : explications et solutions. Semble, dis- je, car ses solutions sont à la fois économiquement irréalistes, et éthiquement inhumaines et trompeuses.
Mais expliquer les problèmes, gouverner et guider Démocratiquement, suppose une éthique forte et la conviction que « L’élément fondamental du système démocratique, c’est la vérité »…/… (P. Mendes France).
« S’il n’y a pas d’honnêté de la part de ceux qui jouent un rôle dans les institutions, il ne peut y avoir de démocratie ! » (PMF) ..
Or, l’honnèteté absolue, c’est le contraire souvent de l’efficacité en politique : qu’on se remémore le très instructif film de Steven Spielberg, Abraham Lincoln, où l’on voit le président Lincoln retourner un à un les opposants à l’abolition de l’esclavage en usant de rapports de force (et pas seulement de conviction). Encore Lincoln était - il animé par des motivations sincères et humaines.
L’exercice du pouvoir est plus complexe et risqué car il requiert de concilier deux inconciliables : le sens de l’intérêt général, une éthique donc, et l’efficacité, qui elle n’a pas de limites. Comme le deésir de l’être humain.
La question institutionnelle devrait être de pouvoir placer ces limites.
A ce titre elle nous concerne tous.
Voilà pourquoi la résolution de la Crise structurelle que nous vivons depuis plus de 10 ans suppose aussi une révolution institutionnelle, et plus encore, une révolution morale ou éthique, bref, une Révolution mentale. De celles à laquelle nous appelle Patrick Viveret par exemple ( cf l’article sur ce site "reconsidérer la richesse)
Cette révolution ne sera pas faite par les politiques, en tous cas pas spontanément.
Ceci est Notre responsabilité de Citoyen.
MO.N
Je voudrais remercier ici Vincent PLAUCHU, Maitre de Conférences à l’Universite Pierre Mendes France de Grenoble, qui a rassemblé quelques citations et discours de et autour de PMF, et dont voici des extraits.
["Pierre Mendès France et l’Université des Sciences Sociales de Grenoble", Meylan, 2014, Editions Campus-Ouvert, 44 p. 10 euros.
http://www.lecteurs.com/livre/pierre-mendes-france-et-luniversite-des-sciences-sociales-de-grenoble/3855471]

LA REPUBLIQUE, SES FINALITES, D’APRÈS PIERRE MENDES FRANCE
« La République doit se construire sans cesse car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’ inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée, tant qu’il reste des progrès à accomplir. »
« L’élément fondamental du système démocratique, c’est la vérité.…/…S’il n’y a pas d’honnêté de la part de ceux qui jouent un rôle dans les institutions, il ne peut y avoir de démocratie. »
« Que le pouvoir soit délégué pendant 5 ans à des hommes non contrôlés même s’ils ont été librement élus, ce n’est pas encore la Démocratie. La démocratie, c’est quelque chose qui doit se manifester de manière permanente. »
…/… »par la permanence de la pression du peuple, par l’action des citoyens toujours exigeants pour que leurs décisions soient respectées ; et d’autre part, .. par les reformes institutionnelles qui doivent permettre à ces pressions d’ s’exercer, de se faire jour là où se prennent les decisions, là où s’exercent les contrôles. »
« Une décision ne peut être prise valablement que si les chefs politiques ont exposé et représenté au pays les thèses entre lesquelles il est appelé à choisir ; ils doivent faire apparaitre et comprendre les facteurs et ressorts durables qui s’offrent ; chacun soutient les solutions qui lui semblent les meilleures en fonction de son éthique personnelle, la discussion politique fait éclater les contradictions, les dissentiments ; loin de les redouter, l’homme politique les souligne au besoin pour faciliter l’arbitrage de l’opinion. »
« Le devoir d’un responsable ne consiste pas à louvoyer, à ménager sans cesse les uns et les autres, en sacrifiant ainsi la collectivité toute entière. Il existe des choix, des déterminations claires, avec la volonté de s’y tenir, dans l’opposition comme au pouvoir.Ainsi seulement mûrissent les réformes qui commandent l’avenir, vers le progrès et la justice.... »
« Je ne crois pas, comme certains, qu’il faut savoir mentir au peuple ou biaiser avec lui, car c’est lui qui en supportera les conséquences. J’exclus les concessions qui subordonner les considérations générales et permanentes à celles qui restent particulières et éphémères... »
( les grands discours républicains, le Cherche-midi éditeur).
Pierre Mendes France, Président du Conseil (1954 - 55) et artisan de la décolonisation.