CONSULTATION EPANDAGE PESTICIDES : UN PEU DE COURAGE ET DE VISION !
Tous les premiers vendredis du mois des citoyens se rassemblent - devant les mairies en principe- ( C’est le cas à Meylan). Le rassemblement "Nous voulons des coquelicots" lancé par Fabrice Nicolino est en effet le symbole du renouveau d’une agriculture débarrassée des pesticides.. C’est dans ce contexte que s’est tenue la consultation sur les distances minimales pour l’épandage des pesticides, jugée peu démocratique dans sa formulation. Retour sur le sujet...
J’ai laissé un avis (forcément court, que voici). Même très imparfaite, une consultation mérite qu’on s’y interesse : mieux vaut une expression que la pratique de la "chaise vide" où l’on laisse les autres (dont les fabricants et les vendeurs de pesticides) decider.
Un peu de courage et de vision d’avenir !
La distance d’interdiction est ridiculement petite* : les pesticides ne respectent pas les frontières !
C’est le rôle des pouvoirs publics de protéger les citoyens, mais aussi d’aider les entrepreneurs (ici, agriculteurs) à se préparer aux grandes mutations de notre monde. Nous avons trop tardé.
Il nous faut à la fois une agriculture moins polluante et une agriculture relocalisée susceptible de contribuer à la lutte contre l’effet de serre ( captation du carbone) telle que l’agroforesterie. Nourrir d’avantage de population en polluant moins implique d’effectuer un bond qualitatif qui exige à la fois des règles dissuasives et des moyens d’encouragements importants.
A cette fin l’accès facile au credit bancaire europeen (tx d’interet negatif) doit être reservés aux projets d’investissement d’avenir , et ces investissements ne doivent pas êre comptabilisés dans le deficit structurel des état ( les fameux 3% du PIB au dessous duquel il faut rester).
Avec la règle des 3% on n’aurait pas pu construire la France et l’’ Europe d’après guerre.
* En effet, la distance proposée ( 5 à 10 m) sont vraiment insuffisantes au vu des études scientifiques et même de l’ANSES .-
*Les pesticides comptent également parmi les perturbateurs endocriniens ( voir infra) aux effets nefastes pour l homme et pour les abeilles.
Extraits de presse :
"Je n’y crois pas, je pense que c’est un poisson d’avril", a réagi sur BFMTV Yann Arthus-Bertrand, président de la fondation Good Planet. "Je ne peux pas croire qu’aujourd’hui les lobbyistes soient plus forts que la santé de la population. C’est insultant pour les gens qui se battent depuis si longtemps contre les pesticides".
Le problèmes des évaluations ( extrait de l’article de Coralie Schaub — 10 septembre 2019 - libération.
Selon les associations Agir pour l’Environnement, Générations Futures ou encore Alerte des Médecins sur les Pesticides(...), "L’évaluation de la toxicité des pesticides au niveau européen laisse à désirer. C’est ce qu’admet l’avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire sur lequel se repose le gouvernement pour proposer une distance de 5 à 10 mètres à respecter entre habitations et zones d’épandage de pesticides. Et ce que montre une étude de l’ONG Générations Futures publiée mardi.
Quelle est la distance minimale à respecter entre les habitations et les zones d’épandage de pesticides pour protéger au mieux les riverains ? 150 mètres, comme le prévoyait l’arrêté municipal pris en mai par le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) Daniel Cueff, suspendu fin août par la justice (au motif qu’un maire n’est pas compétent pour prendre des décisions sur l’utilisation des pesticides) mais qui inspire, depuis, des maires de tous bords politiques ?"
(....)
"Cet avis de l’Anses repose sur une « méthodologie de l’évaluation de l’exposition des personnes obsolète et incomplète ». L’Anses le dit à la page 5 de son avis, « la méthodologie actuellement utilisée dans le cadre de l’évaluation des dossiers de produits phytopharmaceutiques est basée sur le document guide de l’EFSA [Autorité européenne de sécurité des aliments, ndlr], [datant de] 2014 ». Or, admet l’agence française un peu plus loin, « dans les documents de l’EFSA, il est précisé que l’évaluation de l’exposition des personnes présentes et des résidents repose sur des données limitées issues d’études effectuées dans les années 1980. […] A ce titre, l’EFSA recommande la réalisation de nouvelles études pour affiner l’évaluation proposée ». Etudes qui « devraient être disponibles début 2021 ».
Règlement européen
C’est aussi ce que montre un rapport de Générations Futures publié ce mardi. L’ONG a recensé le nombre d’études publiées dans le monde concernant la toxicité de cinq substances actives de pesticides (insecticides chlorpyrifos, chlorpyrifos méthyl et thiaclopride, herbicide metsulfuron et fongicide métalaxyl-m) qui ont récemment subi le processus de réévaluation européen. Elle a ensuite comparé ce nombre avec le nombre d’études réellement présentes dans les cinq dossiers de demande de réautorisation de ces substances en Europe déposés par les industriels et dans les cinq rapports d’évaluation pour les renouvellements d’autorisation (RAR, élaborés à partir de ces dossiers par un Etat membre rapporteur).
Il se trouve qu’un règlement européen de 2009 exige que soient fournis, dans ces dossiers de demande et dans les RAR, l’ensemble de la littérature sur la toxicité des substances publiée dans des revues scientifiques au cours des dix années précédentes. Or, calcule Générations Futures, « en moyenne seulement 16% des études qu’on devrait trouver dans ces cinq dossiers de demande de réautorisation y figurent ». Dans le cas des RAR, « en moyenne seulement 9% des études » qu’on devrait trouver y figurent.
Ainsi, par exemple, pour le chlorpyrifos, très vendu dans le monde, la recherche de l’ONG sur la base de données PubMed (du National Institute of Health des Etats-Unis, qui répertorie la plupart des revues scientifiques en biologie), a recensé 1023 études de toxicité publiées au cours des onze années précédant la date de publication du RAR de mai 2017. Mais la liste des études du dossier de demande de la multinationale américaine Dow Chemical ne contenait que « 131 études de toxicité publiées », soit une conformité de 13% au règlement européen. La liste des études du RAR répertorie, elle, « seulement 85 études publiées » sur cet insecticide, soit un taux de conformité de 8%.
« Sous-estimation de la dangerosité des pesticides »
Bref, l’évaluation des pesticides en Europe est loin, très loin de prendre en compte toutes les données scientifiques disponibles, bien que le règlement européen l’exige. Une situation que l’ONG qualifie d’« inacceptable », car elle conduit selon elle « clairement à une sous-estimation de la dangerosité des pesticides ».
Générations Futures demande donc à l’EFSA de refuser « tout dossier ou RAR ne contenant pas l’intégralité de la production scientifique des dix années précédentes concernant la toxicité des pesticides en réexamen ». Elle demande aussi que soit « pris en compte le poids de la preuve scientifique de l’ensemble des études universitaires montrant des effets néfastes, notamment à faible dose, de l’ensemble des matières actives pesticides en réexamen ». Et enfin que soient « revus rapidement les dossiers de toutes les matières actives pesticides autorisées dans l’UE ces dix dernières années afin que ces dispositions leur soient appliquées ».
Pour François Veillerette, le directeur de l’ONG, le lien entre ce rapport et la question de la distance minimale à respecter pour épandre des pesticides est « clair ». Selon lui, « les décisions de l’EFSA et des autres agences sanitaires sous-estiment les risques, soit parce que les études universitaires ne sont pas prises en compte, soit parce que les méthodes d’évaluation sont obsolètes ». Et d’estimer que cela « remet en cause l’ensemble du système, qui permet en fait à des produits dangereux de rester sur le marché » et d’être épandus non loin des habitations."
Coralie Schaub
Santé et environnement
**Les perturbateurs endocriniens sont « des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants » (OMS 2002). Perturbateurs Endocriniens : « une menace mondiale à laquelle il faut apporter une solution »
Les PE sont « une menace mondiale à laquelle il faut apporter une solution » selon les termes du rapport conjoint OMS-PNUE de 2012. Cancers du sein et de la prostate, diabète, obésité, infertilité, troubles du comportement…ont augmenté au cours des dernières décennies non seulement en France, mais dans le monde. Même si ce n’est pas la seule, les perturbateurs endocriniens sont une cause majeure de cette progression, qualifiée par l’Assemblée générale de l’ONU en 2011 « de défi mondial d’ampleur épidémique » qui, pour une large part tirent leur origine d’une exposition pendant la grossesse. Les perturbateurs endocriniens sont par ailleurs une cause majeure de la chute de la biodiversité.
L’exemple du Bisphénol A démontre le pouvoi
Face à l’épidémie de maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, cancers, asthme, troubles de la reproduction, troubles du comportement…), agir sur les causes environnementales est aujourd’hui essentiel. La santé environnementale est la réponse à la crise sanitaire actuelle.
LE RESEAU ENVIRONNEMENT SANTE
Constitué de scientifiques, de professionnels de santé, d’associations environnementales et de malades, etc., le RES, se fondant sur un argumentaire scientifique, s’implique pour aborder différents sujets de santé environnementale, notamment sur les perturbateurs endocriniens qui ont bâti sa reconnaissance institutionnelle et dans le grand public. Le RES a joué un rôle déterminant, depuis sa création en 2009, pour alerter sur les risques liés aux perturbateurs endocriniens et obtenir des décisions d‘interdiction telle que celles du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires. Le RES est une association agréée au titre du Ministère de la Santé et siège à ce titre à France Asso Santé. Le RES se décline également en régions sous forme de délégation régionales.
Création de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens
Le RES est à l’origine de la Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens adoptée en 2014, dont le rapport de février 2018 des Inspections générales (Santé, Développement durable, Agriculture) a confirmé la pertinence de l’objectif : réduire l’exposition de la population aux PE. L’action du RES a contribué à faire des Perturbateurs Endocriniens un thème de la dernière campagne présidentielle et à obtenir des engagements du Président de la République de « faire de la Santé environnementale une priorité » et « d’interdire les Perturbateurs Endocriniens ».
Campagne « Villes et Territoires sans Perturbateurs Endocriniens »