SANTE : NANOPARTICULES EN QUESTION

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Juin 2012 : Les gaz d’échappement des moteurs diesel sont enfin classés parmi les cancérogènes//
Nov 2011 : Inquiétante étude du CEA sur les nanoparticules de Titane / /
LE COMITÉ NATIONAL CONSULTATIF D’ÉTHIQUE POUR LES SCIENCES DE LA VIE ET DE LA SANTÉ A RENDU SON RAPPORT SUR LES NANOTECHNOLOGIES. /article 2007 actualisé 2011 sur risques des nano.

SANTE : NANOPARTICULES EN QUESTION

13 Juin 2012 : Les gaz d’échappement des moteurs diesel sont enfin classés parmi les cancérogènes certains pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), l’agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), depuis mardi 12 juin.. Nous avons toujours attiré l’attention des pouvoirs publics mais aussi des habitants, lors des réunions débat sur les projets autoroutiers par exemple, sur la dangerosité des MICRO-NANO PARTICULES DIESEL.
voir

AFP/LE MONDE 26.11.2011 : étude inquiètante sur les nanoparticules


Les nanoparticules de dioxyde de titane, utilisées dans de nombreux produits, des peintures aux crèmes solaires, peuvent altérer la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau des éléments toxiques. Ce sont les conclusions, publiées mercredi 26 octobre, d’une étude conduite in vitro par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). lire
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LE COMITÉ NATIONAL CONSULTATIF D’ÉTHIQUE POUR LES SCIENCES DE LA VIE ET DE LA SANTÉ VIENT DE RENDRE SON RAPPORT SUR LES NANOTECHNOLOGIES.

2007. lire aussi : les risques des nano (2010).

‚apport du comité d’éthique

Il confirme dans l’ensemble le rapport du comité de la prévention et de la précaution, rapport gouvernemental dont j’ ai déjà parlé, et rendu public l’an dernier .
Il effectue un certain nombre de constats et de préconisations.

On notera encore une fois que seuls les élus Verts ont manifesté une vigilance par rapport aux nanotechnologies Grenobloises (juqu’à voter parfois "contre" en l’absence de prise en compte de effective leurs alertes).
Voici quelques extraits parmi les plus significatifs  :
Risques éventuels des nanotechnologies pour la santé :
 Priorité à la traçabilité : il est urgent d’identifier la présence des nanostructures.

"nous vivons déjà dans un monde où les nanomatériaux sont présents en quantité, comme les particules diesels dans l’air" (déjà cancérigènes ndlr), "mais la libération dans l’atmosphère de nanostructures nouvelles non biodégradables pourrait être une source de danger comparable à l’amiante, par exemple pour les nanotubles de carbone"...
Cela vaut aussi d’un point de vue des libertes individuelles si les nanoparticules sont reliées à des instruments de surveillance (radio frequency identification).

Quels effets biologiques à risques, notamment en cas de non - biodégradabilité ?

" on ne connait pas actuellement les effets que pourraient avoir d’éventuels nano-vecteurs pharmacologiques sur les mécanismes physiologiques de l’organisme, notamment sur la rupture des frontières biologiques telles que le sang et le cerveau" ...
"Une faible biodégradabilité pourrait majorer les problèmes de pollution écologique de toxicité humaine ; par exemple l’inclusion des nano-particules dans les macrophages c’est à dire les cellules destinées à capturer les antigènes, si elles n’étaient pas biodégradables, pourrait etre une source d’inquiétude".

Quelles éventuelles "propriétés nouvelles" de la matière manipulée à l’échelle du nanomètre ?
Comment étudier les effets secondaires d’éventuels changements de comportements d’une matière que l’on ne connait pas ,"
(la connaissance de la radioactivité n’ a été que retrospecti
 ve).
Il est important de "Produire pour comprendre avant de produire pour vendre"
Diffuser d’abord les applications, et étudier ensuite seulement, n’est pas le bon ordre ;

"La connaissance est un pré-requis à l’exercice de la responsabilité ;
Il faut exiger un developpement de la recherche fondamentale en amont, et pas sulement en aval des applications techniques."
"Donner la priorité à toutes les mesures de protection nécessaires des travailleurs " surout sur les personnes à vulnérabilité maximale (femmes enceintes)
"Assurer une relation de confiance par la transparence"

VI. Recommandations -intégralité de la fin du rapport

1. Faire en sorte qu’une information suffisante soit disponible sur la redoutable propriété ambivalente des nanosystèmes moléculaires conçus par l’homme de pouvoir traverser les barrières biologiques, notamment entre sang et cerveau, et d’être actuellement peu ou pas biodégradable, ce qui risque d’avoir, en dehors d’indications thérapeutiques précises, des conséquences majeures pour la santé.

2. Accroître de manière urgente la recherche et le développement de la nanométrologie pour concevoir et multiplier les instruments qui permettront de détecter et identifier les nanoparticules qui vont former des nanoobjets et des nanostructures, en particulier celles et ceux qui sont intentionnellement créés.

3. Insister sur les conséquences suscitées par le déséquilibre entre un manque de développement (ou de publications) de la recherche fondamentale et une accélération de la production d’applications technologiques commerciales, déséquilibre qui risque d’obérer les choix essentiels. Il est urgent de soutenir de façon plus importante le développement de la recherche fondamentale du domaine des nanosciences, en respectant la liberté de cette recherche. Il est nécessaire que la réflexion éthique soit évaluée dans les projets soumis aux financements publics nationaux, européens, et privés (fondations). Les chercheurs en formation et notamment les futurs Docteurs de l’Université dans la spécialité « nanosciences et nanotechnologies » devraient inclure dans leur mémoire de thèse, un résumé des réflexions éthiques relatives à leurs travaux. Dans l’espace européen de la recherche, puis au niveau mondial, les Etats doivent mettre en œuvre des stratégies qui imposent ces réflexions éthiques au « triangle des connaissances » : recherche, formation et transfert.

4. Susciter, dans une même problématique, des recherches pluridisciplinaires pour que la conception de nanomatériaux et nanosystèmes nouveaux s’accompagne de l’étude de leurs effets primaires sur l’environnement, sur la santé et de leurs implications biologiques positives et négatives. La séparation de ces approches dans des appels à projets différents (ANR et 7ème PCRD européen) ne garantit pas une recherche suffisante des risquesavant la sortie du confinement en laboratoire de ces innovations, et leur industrialisation. Cette évaluation des risques doit être réalisée en tenant compte du cycle de vie complet des nanoproduits. Ceci nécessite de valoriser la toxicologie industrielle en mobilisant des moyens humains et techniques au même niveau que ceux des technologies innovantes. Cette responsabilité du financement par l’industrie de la recherche concernant le risque est une priorité éthique, même si elle peut et doit être complétée par un investissement plus important en terme de recherche publique fondamentale.

5. Donner la priorité à toutes les mesures de protection nécessaires des travailleurs au contact des nanomatériaux, et de confinement des lieux d’étude et de production de ces nanomatériaux. Donner la priorité à la recherche d’effets adverses en privilégiant les études de toxicité à faible dose sur les personnes à vulnérabilité maximale, notamment les travailleurs au contact des nanomatériaux et qui pourraient avoir été exposés malgré les mesures de protection ; à titre de précaution, les femmes enceintes devraient être exclues de ces postes. Un suivi des fœtus et nouveau-nés devrait être réglementairement prescrit en cas de risque d’exposition professionnelle ou intempestive. La recherche sur l’animal des effets des nanoparticules doit être fortement développée, même pour les nanomatériaux sans caractère médical strict (nanocosmétiques).
Dans le cadre de la médecine du travail et des comités hygiène et sécurité de sites, exiger de chaque laboratoire, équipe de recherche et lieu de production, la rédaction de son guide des bonnes pratiques, et la mise en œuvre de procédures particulières de contrôle de la protection et de surveillance des personnels de la recherche et des industries manufacturant des produits nanométriques.

6. Assurer une relation de confiance par la transparence et la diffusion continue des acquis scientifiques à la communauté des chercheurs publics et privés grâce à une réglementation européenne exigeant une déclaration obligatoire de toutes nouvelles nanostructures avec leurs conséquences éventuelles sur la réactivité biologique. Une loi européenne semblable à REACH doit être mise en place pour les nanoproduits. Les réflexions européennes sur des normes de protection des droits de propriété intellectuelle et des modèles d’accord de licence plus adaptés aux nanotechnologies doivent prévoir des procédures nouvelles de partage des connaissances et des produits à visée de recherche afin de permettre le développement d’une réflexion éthique.

7. Favoriser les informations en réseaux des Agences : de la Biomédecine, AFSSAPS, AFSA, et celles de l’Institut de Veille Sanitaire. La plus grande attention sera réservée au respect des principes associés tels que le respect de la vie privée, le consentement éclairé à l’administration ou à l’exposition à de nouvelles nanoparticules, l’équité d’accès à ces innovations, la protection des personnes. Il faut obliger les industriels à une information et un étiquetage visible des produits contenant des nanoparticules créées intentionnellement pour que le consommateur puisse éventuellement en refuser l’usage. Le recueil et la transparence des informations relatives à la pharmacovigilance des produits issus de la nanomédecine résulteront d’une extension des compétences des structures actuelles concernées par les médicaments et les dispositifs implantables.

8. Développer la diffusion de la culture scientifique, technologique et industrielle dans le domaine des nanosciences et nanotechnologies. Mettre en place une information effective du public et de la société en organisant des débats citoyens par essence contradictoires ; ils seront décentralisés au niveau des entités régionales et donneront lieu à des comptes-rendus publics complétés par les réponses des chercheurs et des industriels aux interrogations, espoirs et craintes émis lors de ces débats. Mettre à la disposition du public le maximum d’éléments informatifs, loyaux, et ne pas se réfugier derrière la notion de secret industriel pour s’en abstraire devrait faire l’objet d’une obligation de fait.

9. Etre enfin d’une vigilance extrême sur les graves conséquences pour les libertés individuelles et le respect de la dignité humaine si les capacités d’identification et d’interconnexion se développent à l’insu des personnes. Les développements éventuels à des fins militaires ne doivent pas être transférés dans la vie civile sans débat préalable de société respectueux des personnes.

En conclusion la question éthique de l’usage des nanomatériaux peut se décliner sous deux modes. L’un qui est celui de la question philosophique de l’homme-machine, soulevée par les nanosystèmes, toujours menaçante pour le respect de la personne. Cette question importante au plan des idées ne doit pas actuellement cacher la deuxième beaucoup plus urgente qui est celle de l’intrusion souterraine de nanoparticules privilégiant plus la performance technologique et la rentabilité commerciale que la perception de leurs risques potentiels. Cette deuxième question nous oblige plus que la première à une prise de conscience pour éviter un éventuel rejet par la société de nouvelles techniques plus promptes à la course à l’innovation qu’au respect de l’intégrité physique et mentale des personnes. Contrôler les conséquences des avancées de la science et de la technologie est une responsabilité qui engage la société dans son ensemble, et qui ne peut pas être simplement laissée aux seuls acteurs économiques ou associatifs. Ne réduisons pas les nanosciences aux nanotechnologies.

Paris, le 1er février 2007