Plan Banlieues : Communiqué de M.O. Novelli

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

PLAN BANLIEUES : les enjeux réels au delà des effets d’annonce

(photo rue89)

Plan Banlieues de Mme Fadela Amara :
les enjeux réels au delà des effets d’annonce

Communiqué de Marie Odile NOVELLI le 14 janvier 2008

(lire aussi *mon discours lors dela venue à Grenoble de Fadela Amara)


Madame Fadela Amara, Secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, doit se rendre à Vaulx-en-Velin le 22 janvier pour présenter son « Plan Banlieues ».

Depuis quelques mois, Mme Amara multiplie les interventions pour indiquer l’importance de ce Plan : Il s’agit non d’un « énième plan banlieue imposé par le haut » mais d’une « priorité nationale » [1]. Elle s’est elle-même exposée, affirmant être "la garantie" que "les moyens seront mis pour la rénovation sociale des banlieues" [2]

Quelques axes du Plan sont connus : « trois priorités : le désenclavement des quartiers, l’éducation et l’emploi », une gouvernance recentrée sur « le couple maire-préfet », « faire davantage porter l’effort sur le volet humain » [3]...

La politique de la ville permet réellement l’insertion des publics en difficultés sous certaines conditions :

- lorsque les partenaires d’un même territoire (Préfet, Région, Ville, CAF, ANPE, organismes HLM, éducation nationale...) coordonnent et concentrent leurs actions pour résoudre les problèmes spécifiques à un territoire.

- lorsque le cadre d’intervention est stable : Pour faire correctement leur travail, les acteurs chargés de la mise en oeuvre (associations, bailleurs...) ont besoin que les programmes ne changent pas à chaque nouveau ministre et de passer du temps sur le terrain plutôt qu’à chercher des subventions.

En 2007, les villes de Rhône-Alpes et la Région se sont mobilisées face à l’Etat pour que les CUCS soient décidés non par le haut mais par le partenariat local, soient centrés sur les problématiques propres à chaque quartier et bénéficient de financements sécurisés sur plusieurs années.

En l’occurrence, au-delà des effets d’annonces, ce projet de Plan suscite des interrogations majeures.

· Quel sera l’apport du Plan sur les trois axes prioritaires puisque les outils majeurs existent déjà ?

- désenclavement L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) impulsée par JL Borloo en 2003 a pour objectif de réhabiliter les quartiers en difficultés, comprenant des opérations visant le désenclavement (aménagements, implantation d’équipements et de services publics ainsi que d’entreprises...)

- éducation : La loi de cohésion sociale permet la mise en place de Programme de Réussite Educative (PRE) consistant à coordonner autour du jeune tous les acteurs de l’éducation (école, collège, parents, animateurs sportifs...). Pour être efficace, il faut laisser du temps à leur mise en place, réduire les retards de crédits et l’élargir au plus de 16 ans, ce que propose la Région Rhône-Alpes dans un appel à projet.

- emploi : l’enjeu, encore une fois, est de généraliser les outils dont l’expérience démontre l’efficacité, comme les Plans Locaux d’Insertion (PLI) favorisant les liens entre entreprises, structures d’insertion et demandeurs d’emploi sont nécessaires.

· Comment seront prises en compte les autres priorités spécifiques à certains quartiers

comme l’égalité contre les discriminations, la participation des habitants, l’accès à la culture, le développement des pratiques sportives, la médiation de nuit, la santé... ?

· Le recentrage des décisions sur le couple maire-préfet va-t-il permettre une bonne implication de tous les partenaires, indispensable, pour éviter les incohérences ou les gaspillages, et mutualiser les interventions au lieu d’induire de la concurrence ?

· Quelle est la crédibilité du gouvernement qui annonce une « priorité nationale » et lui consacre des moyens financiers en baisse

, alors que « les associations financées par le budget de la ville connaissent des difficultés financières et que l’on enregistre une sous-consommation des crédits au niveau central » [4] ?

Une fois le Plan Banlieue connu, Marie-Odile Novelli, vice-présidente de la Région Rhône- Alpes déléguée à la politique de la ville, aux solidarités et au logement, demandera une rencontre entre la Région et le préfet de Rhône-Alpes pour apporter des réponses satisfaisantes à ces questions en lien avec les acteurs de la politique de la ville.

Marie-Odile Novelli, Vice-présidente de la Région Rhône-Alpes, Déléguée à la politique de la ville, au logement et aux solidarités (les verts)

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[1] AFP 21/09/2007

[2] Le Monde, 17 décembre 2007

[3] Audition de Mme Amara devant la commission des affaires sociales du Sénat, 28 novembre 2007

[4] Rapport de la commission des affaires sociales du Sénat sur le projet de loi de finance 2008