Risques majeurs industriels

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

RISQUES INDUSTRIELS ET TECHNOLOGIQUES :
Installations industrielles Seveso, nucleaire, bio- et- nano-technologies

I. RISQUES INDUSTRIELS ET TECHNOLOGIQUES

A. Installations Seveso

Aujourd’hui, dans l’agglomeration et dans des communes proches, il existe plusieurs installations Seveso : Rhodia et Enichem Elastomeres France a Pont-de-Claix, Elf Atochem Oxysynthese a Jarrie et a Brignoud, Sobegal a Domene. Ces sites sont astreints a un Plan particulier d’intervention (PPI) et a des restrictions a l’urbanisme. A Grenoble, deux installations nucleaires sont astreintes a un PPI : le C.E.A. et l’Institut Laue Langevin (recherche fondamentale).

Trop souvent les sites classes Seveso sont implantes dans les villes, generalement a proximite immediate de quartiers populaires. A Grenoble, les quartiers de la politique de la ville seraient en premiere ligne en cas d’accident grave, directement sous l’effet de souffle et d’incendie. Cependant, comme le dit l’ ADES, contrairement a Toulouse, une telle catastrophe degagerait des fumees nocives dont pourrait "beneficier" toute la cuvette, faisant fi de toute distinction sociale ! voir :ADES
Les transports de matieres dangereuses (par camions, wagons ou canalisations traversant l’agglomeration) ne font pas l’objet de plans particuliers ni meme, dans l’ensemble, d’information des populations dans l’agglomeration (meme si certaines villes du Sud de l’agglomeration telles qu’Echirolles ont mene des actions de sensibilisation ponctuelles).
l’information des populations concernees par des risques technologiques est rarement actualisee, meme dans les etablissements scolaires, et differents sites a risques ne disposent d’aucun plan d’evacuation des personnels .

Propositions ecologistes : le principe de precaution doit primer sur celui de la recherche du profit
il faut donc cesser d’urbaniser dans les zones a risques, prevoir l’eloignement progressif des zones urbanisees, et renforcer la surveillance des installations classees. Pour cela il faut augmenter (doubler) le nombre d’inspecteurs, et les rendre independants (comme les inspecteurs du travail, au moins. Aujourd’hui, ils dependent de la prefecture, ce qui en l’ Etat n’est pas du tout satisfaisant).
Il faut developper fortement les exercices de simulation d’accidents, avoir des pompiers professionnels pour les sites a risques, developper les competences des CHSCT ( Comites d’Hygiene Securite Conditions de Travail ) comme le voulait le projet de loi Cochet (Vert) afin de permettre aux salaries eux-memes, les premiers concernes, d’assurer la securite, et arreter de sous-traiter aupres d’interimaires et de PME non prepares la maintenance et l’entretien des sites classes.

B. Risque nucleaire

On compte 4 installations nucleaires dans le departement : le Commissariat a l’energie atomique de Grenoble, l’Institut Paul-Langevin a Grenoble, les centrales de Creys Malville et de Saint-Alban-Saint-Maurice. (La centrale la plus dangereuse en Isere, Superphenix, est en cours de demantelement, engagement pris par le gouvernement Jospin a la demande des Verts). Cependant, les principes a appliquer a la surveillance de ces sites ne different pas de ceux enonces pour les installations industrielles.

C. Biotechnologies :
Aujourd’hui, la periode nucleaire grenobloise a laisse place aux biotechnologies. Grenoble se specialise dans ces technologies du futur liees a l’informatique.
MINATEC (Grenoble) est un ple europeen de recherche, formation et valorisation industrielle dedie aux nano-technologies. BIOPOLIS (La Tronche) est "un htel d’entreprises innovantes en bio-technologies". Les deux projets sont
realises sur fonds publics, avec le soutien de l’armee.
A la Tronche se trouve aussi le CRESSA, centre de recherche des armees, qui travaille sur le vivant ( les virus, bacteries etc...), est specialise dans le traitement de la guerre bacteriologique. l’acces du citoyen aux informations, comme pour tout ce qui concerne l’armee, est loin d’etre evident.

Le projet nanotechnologique , extremement ambitieux, entend rivaliser avec la nature. Ce projet a ete lance comme on lance, dans le commerce, un produit de grande consommation, par Eric Drexler, qui etait dans les annees 80 etudiant de doctorat au MIT sous la direction de Marvin Minsky, l’un des fondateurs de l’intelligence artificielle. Le temps viendra, prophetise Drexler, ou nous pourrons tout demander a des nanopuces, nanorobots, nano-assembleurs ou nanomachines mus par des nanomoteurs, que nous aurons concus.

En matiere de Biotechnologies, Biopolis incarne le projet qui se decide d’en haut, sans consultation de la population. Qui a decide d’accueillir ce ple ? Une centaine personnes ( le conseil general, la mairie, l’agglomeration, la Region, l’Etat les presidents d universite, les chefs d’entreprise, les chefs de labos...). Les citoyens nont pas ete convies. voir asso naje
Un des problemes, souleve par les ecologistes est que le terrain choisi pour la construction est situe sur une zone inondable. Pour l’ Etat, tout est en regle (ce qui juridiquement est vrai) : "Sur une zone inondable, on a le droit de s’installer dans des batiments existants tant qu’on ne batit pas de neuf", precise Dominique Huchet, un des inspecteurs de la DDE. "l’htel des entreprises du vivant" (joliment denomme ainsi pour demontrer que Biopolis n’est pas du developpement industriel, celui ci se fera ailleurs) doit en effet etre integre dans un ancien garage de 3 200 m2, les etablissements Ricou a la Tronche. Il faudra toutefois surelever les constructions d’1,60 m afin que les eaux n’emportent pas les eprouvettes !
Le responsable du projet, Mr Feueurstein, president de l’ Adebag universite ADEBAG, a fait valoir qu’Il n’y a pas de labo P3 ni d’animaux vivants dans Biopolis mais (neanmoins) des tissus animaux et que les domaines abordes sont particulierement utiles : les maladies dues au vieillissement, la cancerologie, la maladie de Parkinson, l’angiologie etc...

Dans les biotechnologies se posent au moins deux problemes : le principe de precaution et le principe de bio-ethique. Chercheurs et societe civile n’ont le plus souvent pas la meme conception du principe de precaution. Les principe de precaution est theoriquement applique dans le nucleaire comme dans les biotech. Mais il y a toujours (on l’ a vu) des risques et des derapages, les scientiques le reconnaissent. Le risque zero n’existe pas. Pour les chercheurs, la precaution ne signifie pas ne rien faire. ll faut une evaluation des risques. A quoi les citoyens (un peu informes) et les Verts repondent que nous ne savons rien des impacts environnementaux des bio-technologies et des nano-technologies. c’est particulierement vrai des OGM, pour lesquelles on commence a avoir des etudes inquietantes sur des rats, sur des durees tres courtes, et qui ne sont jamais - comme c’est etrange - menees loin dans le temps. (voir OGM, etudes laboratoire Italien).
Les projets Grenoblois beneficieront de comites (c’est un progres par rapport aux pratiques des decennies precedentes), notamment un comite d’ethique. Mais ces comites ne sont que consultatifs. l’expertise scientifique est critiquable car les scientifiques y sont a la fois juge et partie. Et lorsque les scientifiques sont en tout ou partie remuneres par l’industrie, comme pour les OGM, il faut craindre le pire.. Il faut imperativement des instances de regulation, avec des representants d’associations. Il faut permettre a des representants de la societe civile, non seulement de poser les bonnes questions, mais d’alerter librement et largement la societe civile des la decouverte de problemes, avec tous les moyens utiles et necessaires. Aujourd’hui nous en sommes loin. Les elus en situation de decider de ces questions (il ne s’agit jamais de Verts, trop derangeants) s’honoreraient de mettre en oeuvre la democratie qu’ils representent et qui les fait vivre.

Une chose est certaine : la question de la responsabilite de la science est devenue beaucoup trop grave pour qu’on laisse le soin d’en debattre aux seuls scientifiques. Encore moins aux puissances economiques.
http://2100.org/Nanos/NanosJPDJR.rtf

Marie Odile NOVELLI